(2007, Hook or Crook – enregistrements originaux : 1981)
Au moment de choisir le nom de leur groupe, quatre amis originaires d’Omaha, dans le Nebraska (Jay, Kurt, Jean et Dave) se posent une question : « quel est le groupe de pop-rock le plus universellement célébré ? ». La réponse est évidente : « les Beatles »… Le choix du nom s’impose donc de lui-même : le groupe s’appellera The Better Beatles et sortira un quarante-cinq tours, Penny Lane / I’m Down, et aura une durée de vie de douze semaines environ… jusqu’à la sortie de ce recueil, édité en 2007 par le label Hook or Crook. Le disque est composé en intégralité de reprises des Beatles, enregistré avec un son lo-fi du tout début des années 1980 : on est en droit de craindre le pire…
Pourtant, une fois la surprise passée, ce Mercy Beat possède un charme indéniable. Le groupe a eu la lumineuse idée de ne pas reprendre la musique, mais seulement les paroles des morceaux originaux. Parfois, tout de même, on retrouve une proximité entre les deux musiques, mais la plupart du temps, il faut attendre le début du chant pour reconnaître les titres des morceaux. Le titre du disque s’amuse du terme « Mersey Beat », utilisé pour décrire le son des groupes de Liverpool dans les années 1960, et prouve aussi que les groupes français n’ont pas le monopole des jeux de mots débiles. A l’époque, seuls « Penny Lane » et « I’m Down » étaient sortis en en quarante-cinq tours ; ils se retrouvent logiquement en début d’album, sans doute pour faire plaisir aux douze personnes qui connaissaient l’existence de ce single.
Les boucles de synthétiseur imaginées pour les morceaux sont prodigieuses : au-delà du son de l’instrument lui-même, qui semble sorti d’une série de science-fiction fauchée des années 1970, ces suites de notes répétées, associées à une frappe mécanique de batterie, provoquent peu à peu un effet hypnotique (en particulier sur « Hello Goodbye », dont les chœurs improbables terminent la chanson de façon magnifique, mais aussi « Penny Lane » et « I’m Down »). Si l’on considère les moyens dérisoires mis à disposition, le résultat final tient du miracle : en plus d’un chanteur discutable, les Better Beatles avaient des qualités de musiciens largement en dessous de la moyenne (mis à part le bassiste, qui, de l’aveu même du groupe, était le seul à maîtriser son instrument).
Le disque fourmille de moments magiques, aussi inattendus qu’improbables et attachants : dans le désordre, on retiendra « Paperback writer » pour son intro inquiétante et son chant plaintif ; « Eleanor Rigby » joué sur un rythme de baloche aux chœurs blasés, pour « Get Back », un instrumental simple mais bien construit, plus proche de l’esprit garage habituel, ainsi que l’intégralité de « With a little help from my friends », qui valut au groupe de recevoir des projectiles divers au moment de la jouer en concert (et, qu’au final, on préfère à la version beuglarde et pompière de Joe Cocker). Si les Better Beatles n’ont jamais été un groupe indispensable, ils méritent en tout cas d’être redécouverts et écoutés : Mercy Beat est une curiosité musicale, mais c’est aussi la certitude de passer un bon moment, et la garantie de faire halluciner votre entourage… Pourquoi attendre ? Le label Hook or Crook a mis en vente ce LP à $11 sur son site officiel (www.hookorcrook.com).
Liste des chansons :
- Penny Lane *
- I’m Down *
- Can’t buy me love
- Lady Madonna
- Paperback Writer *
- Hello Goodbye *
- Baby you’re a rich man
- Eleanor Rigby
- With a little help from my friends *
- Get Back *
Quelques extraits pour la route :
“Penny Lane” :
“Paperback Writer” :