(Virgin 1977)
Tout a déjà été dit à propos de cet album, alors pourquoi en parler? Parce que certains évoquent ce Never Mind The Bollocks comme étant le premier album punk ou le plus grand album punk de l’histoire. Il n’est pourtant ni l’un ni l’autre.
Si les Sex Pistols – formés de toutes pièces par le peu scrupuleux manager Malcolm McLaren – furent le premier groupe punk britannique et impressionnèrent The Clash et autres Buzzcocks au point de pousser ceux-ci à créer leur propre bande, ils ne doivent leur place dans la postérité que grâce à leurs frasques et leur réputation sulfureuse. Les Sex Pistols sont dans l’histoire du punk les méchants, ceux qui ont constamment eu tort – et donc raison. Un seul désir : choquer, à tout prix.
Pour ce faire, on porte des croix gammées, des fringues déchirées et des coupes de cheveux colorées, on se comporte de façon outrancière à la télévision, on véhicule une image de violence et on chante des hymnes anarchiques (“Anarchy In The UK”) et anti-royalistes (“God Save The Queen”). En 1977, le bourgeois modèle flippait grave devant les hordes d’iroquois en cuir qui menaçaient de tout casser. Les punks adoraient les Sex Pistols, jusqu’à la dévotion. Les deux singles cités plus haut ont rendu soudainement les choses possibles pour tous les gosses désoeuvrés d’Angleterre, libérant leur violence et leurs instincts d’auto-destruction. L’idéal punk était né.
Le système aura néanmoins rapidement raison des Sex Pistols. L’album met d’abord une éternité pour sortir, conséquence du rejet du groupe par le label et du départ de Glen Matlock, bassiste, qui se fait virer au profit du fan dégénéré Sid Vicious. Le split final de ce groupe éphémère interviendra à peine quelques mois plus tard, avant la valse de l’horreur véhiculée par Vicious (qui assassine sa copine avant de mourir d’overdose) qui fascine aujourd’hui les kids en mal d’icone.
Seul reste comme témoignage des dizaines de souvenirs d’ancien combattants, quelques films et ce disque clé. Si le son n’a pas vieilli, la répétitivité des morceaux tous basés sur la même structure et la lassitude que génère l’incessant numéro de pantomime du chanteur Johnny Rotten nous empêche de penser qu’on tient là un des chefs d’oeuvre du 20e siècle. Le disque est correct, sans plus, mais demeure indispensable à toute collection pour l’unique présence de “God Save The Queen” et “Anarchy In The UK”, les autres chansons important peu (allez on donnera une mention spéciale à “Pretty Vacant” quand même).
De toute façon l’intérêt du groupe ne se situe pas là, tant ce qu’ils représentent compte plus que leur musique. Comme le disait Oscar Wilde à propos de lui-même, les Sex Pistols ont mis leur talent dans leur art et leur génie dans leur vie. Si leur génie – ou celui de Malcolm McLaren, c’est comme vous voulez – est certain, leur talent reste à démontrer.
Tracklisting :
- Holidays In The Sun
- Bodies
- No Feelings
- Liar
- God Save The Queen *
- Problems
- Seventeen
- Anarchy In The U.K. *
- Submission
- Pretty Vacant *
- New York
- E.M.I.
Vidéos :
“Anarchy In The UK”
“Pretty Vacant”