JOHNNY CASH – Ain’t No Grave – American Recordings VI

Toujours présent

(American / Lost Highway ; 2010)

Près de sept ans après sa mort, Johnny Cash sort toujours des albums. Au vu de la durée de sa carrière, et s’il doit suivre l’exemple de Jimi Hendrix, nos arrière-petits-enfants devraient encore pouvoir acheter des albums inédits de Johnny Cash. Ce disque est le sixième de la série des American Recordings, commencée par Cash sur l’initiative du producteur Rick Rubin en 1994. Comme c’est le cas pour les autres disques de cette série[1], Ain’t no grave propose quasi-exclusivement des reprises.

Le disque commence par une reprise de Claude Ely, un prêcheur exalté connus pour la ferveur avec laquelle il entonnait ses sermons dans l’église de sa paroisse, et qui en a enregistré quelques-uns, qui ont été compilés dernièrement par le label… Cette première piste, « Ain’t no grave », qui donne son nom au disque, est interprétée sur un tempo lent sur fond de guitare, de piano et d’orgue ; les percussions sont assurées par des chaînes qui retombent inlassablement, alors qu’un banjo apporte un peu de lumière au tableau. Un peu plus loin apparaît le morceau « For the good times » de Kris Kristofferson, un ami de longue date de Cash. La chanson apparaît sur le premier album de Kristofferson, sorti en 1970. La version de Cash est réussie, mais reste assez proche de l’originale. Sur le même modèle, la reprise de « Can’t help but wonder where I’m bound » de Tom Paxton est une belle réussite, et permet de mettre en évidence un compositeur folk malheureusement sous-estimé.

Des chansons comme « Redemption Day » et « 1 Corinthians 15 :55 » montrent un aspect important de Cash : sa capacité à interpréter et à faire siens des morceaux venus d’horizons divers, et son attachement à la religion chrétienne. La seconde chanson cite la première épitre aux Corinthiens, dans laquelle Saint Paul évoque la mort (« O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon? » pour la VF). « I don’t hurt anymore » est une ballade améliorée par cette nouvelle version, la version originale (chantée par Hank Snow en 1954) étant aujourd’hui relativement difficile à écouter. Le disque propose aussi une reprise (pas très originale) de « A Satisfied Mind », une chanson dont Cash avait déjà enregistré une version (en 2004) pour la B.O.F. du deuxième volet de Kill Bill, et « Last Night I had the strangest dream » qu’il chantait déjà à la fin des années 1960, en pleine guerre du Vietnam[2]. Le disque s’achève sur une version touchante de la chanson hawaïenne « Aloha Oe », où la voix de Cash se montre terriblement expressive, à la limite de la rupture, et transcende cette chanson, loin de la version établie par Elvis Presley en 1961 pour le film Blue Hawaii.   

Hanté par la mort au moment d’enregistrer les chansons qui composent cet album (il venait de perdre son épouse), Johnny Cash se montre une fois de plus à son avantage sur les dix pistes de cet album, tranquillisé face à la mort par ses convictions religieuses. S’il ne redéfinit pas la carrière de son auteur, ce disque est incontestablement une réussite et le fait qu’il soit relativement court a préservé les auditeurs de pistes inutiles.

 

 

Liste des chansons :

  1. Ain’t no grave *
  2. Redemption day
  3. For the Good Times*
  4. 1 Corinthians 15:55
  5. Can’t help but wonder where I’m bound*
  6. A satisfied mind
  7. I don’t hurt anymore
  8. Cool water
  9. Last night I had the strangest dream
  10. Aloha Oe*

  

Vidéo :

“Ain’t No Grave”

 


[1] Chacun des albums de la série American Recordings possède d’excellents morceaux, mais PlanetGong recommande en particulier le premier disque, une réussite totale. Il convient d’ajouter à cette série de six albums le coffret Unearthed, sortie à la fin de l’année 2003, quelques semaines après la mort de Cash, et riche de nombreuses prises alternatives et des morceaux issus du répertoire Gospel.
[2] La chanson apparaît notamment sur le Live at Madison Square Garden, enregistré en 1969, et sorti par Columbia en 2002.

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domi
Invité
domi
11 mai 2010 8 h 01 min

merci rémi, on ne parle jamais assez de johnny cash

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