(Cheap Lullaby 2006)
Le nouvel album des Bellrays provoque à première écoute une sensation qu’on n’avait plus l’habitude d’avoir avec ce groupe : la surprise. Loin du son garage-rock photocopié des deux derniers albums du groupe, Have A Little Faith ouvre sur une wah-wah funky qui nous plonge directement à Chicago ou San Francisco dans les seventies. Les Bellrays assumant leur côté soul? C’est la meilleure chose qui pouvait leur arriver.
Chœurs féminins, solo de saxophone, cuivres R’n’B, “Tell The Lie” annonce la renaissance d’un groupe enfin décidé à s’émanciper. The Bellrays ne sont plus un groupe garage moyen avec une chanteuse exceptionnelle, ils sont désormais le véhicule idéal pour Lisa Kekaula.
Tous les délires sont permis ici : “Time Is Gone” voit le groupe balancer des gros riffs sur une rythmique latino avant de partir dans un délire à la Santana/Grateful Dead – solo de guitare faisant foi. On retrouve le même genre de morceau dans “Lost Disciples” à l’ambiance trippante qui trahit à nouveau l’influence d’Abraxas. “Chainsong (I’ve Been Searchin’)” est un gros rock garage qui connaît des ralentissements jazzy chaloupés sortis de nulle part et se termine en ballade soul acoustique. “Everyday I Think Of You” est un autre bon morceau soul aussi, mais la grosse surprise ici provient de la ballade “Third Time’s A Charm”, ensoleillée par une section à cuivres et qui rappelle à la fois le “Proud Mary” de Creedence Clearwater Revival repris par Ike & Tina Turner, et “My Girl” des Temptations. Une bonne surprise.
Cette liberté totale que le groupe s’est octroyé occasionne néanmoins quelques dérapages incontrôlés : la chanson “Have A Little Faith In Me” est une ballade soul où le groupe donne dans le mauvais goût complet : violons de synthétiseur de supermarché, ambiance FM, solo de guitare espagnole (arrêtez avec Santana bordel!)… on préfère largement la version de cette chanson existant sur l’album Grand Fury. Le dernier morceau “Beginning From The End”, qui se veut un final apocalyptique, tourne rapidement au grand n’importe quoi : le mélange de jazz, guitare psychédélique, heavy-métal, solo de sitar aurait pû être génial, il n’en est rien. Toutes ces bonnes idées en font un morceau intéressant mais la mélodie poussive et la manque de groove des musiciens (pour la coup la basse empêche le morceau de décoller) en font juste une curiosité de fin d’album. Plutôt dommage.
Dans ces moments là, tout ce qu’il reste à faire, c’est écouter un de ces brulôts punk/métal que le groupe dispense à intervalles réguliers pour rappeler que les Bellrays ne sont pas un groupe de fillettes. “Pay The Cobra”, “Snotgun”, “Change The World”, “Maniac Blues” envoient du lourd même si on peut leur reprocher de ressembler à mille autre morceaux sortis par le groupe par le passé. Placés dans le contexte de cet album à dominante soul, ils apportent une énergie et une variété bienvenues. Ce renouveau des Bellrays grâce à ce mélange détonnant entre punk-rock et soul (y a-t-il une influence des Dirtbombs derrière ça?) font de cet album le meilleur du groupe à ce jour.
Les Bellrays ont compris que Lisa Kekaula méritait mieux qu’un groupe garage ordinaire, cette évolution est à saluer.
Tracklisting :
1. Tell the Lie *
2. Time Is Gone
3. Chainsong (I’ve Been Searchin’) *
4. Pay the Cobra
5. Snotgun
6. Have a Little Faith in Me
7. Change the World *
8. Detroit Breakdown (Horn Interlude)
9. Lost Disciples
10. Everyday I Think of You
11. Maniac Blues
12. Third Time’s the Charm *
13. Beginning from the End
Vidéo :
“Tell The Lie”