(V2 2005)
En attendant leur premier album, “Capture/Release”, les Rakes nous font patienter (et danser) sur ce EP 4 titres que V2 destine au marché européen.
Les Rakes sont Londoniens et se placent sur le même credo art-punk que Franz Ferdinand. A vrai dire, sur certains morceaux on ne peut distinguer le son des deux groupes que par la voix d’Alan Donohue, un peu plus nasillarde que celle, suave, d’ Alex Kapranos de Franz Ferdinand. Ceci est surtout vrai pour les deux premiers morceaux “Retreat” et “Dark Clouds” qui manifestent un lien de parenté indiscutable avec “Michael” ou “This Fire”. En outre, à l’instar de ces derniers, les Rakes savent écrire – leurs textes sont excellents – comme le prouve l’excellent “Retreat”. Le refrain parlé de cette chanson “Walk home / Calm down / Retreat / To sleep / Wake up / Go out / Again / Repeat” croque en quelques mots le train de vie débridé des jeunes britanniques, faisant par là écho au “Choose a life, choose a job…” du film culte Trainspotting. Brillant.
Les Rakes sont encore meilleurs quand ils évoluent dans des eaux plus sombres avec le garage-rock “Strasbourg”. Le son de guitare est plus crade, le son de batterie fait moins drum-machine, le refrain est est braillé en choeur. Les Rakes vont au bout de leurs envies punk, révélant une face buzzcockienne sur ce morceau explosif. Les paroles valent encore le détour. Situant l’action en Allemagne de l’Ouest en 1983, Alan Donohue crie “We meet in Strasbourg!” avant d’ajouter “Dann sind wir Helden” (“Alors nous serons des héros”), le tout étant ponctué d’un furieux “Ein, zwei, drei vier!”… Les alsaciens apprécient. Humour anglais? Géographie hésitante? On s’en fout. Ce morceau est l’un des plus fédérateurs qu’on ait entendu ces derniers temps (vous verrez quand vous aurez chanté en allemand avec 3000 autres types…).
L’EP s’achève avec “Just Got Paid” où Donohue s’époumonne sur le refrain “Just got paid, I can’t get laid”. Les Rakes expriment, à l’instar des Kinks ou des Stones en 1965, les désirs et manques de la jeunesse londienne en 2005. “I can’t get laid” renvoie au “I can’t get no satisfaction” des Rolling Stones. Les temps ont changé, pas les gens. Les Rakes, s’ils arrivent à mettre des mots sur le malaise qui secoue la jeunesse occidentale et s’ils continuent à écrire des mélodies aussi percutantes, pourraient bien être la surprise de l’année 2005. Leur album sort peu avant celui de Franz Ferdinand, la bataille s’annonce rude… et intéressante.
Tracklisting :
1 – Retreat *
2 – Dark Clouds
3 – Strasbourg *
4 – Just Got Paid
Vidéos :
“Retreat”