(EMI 2012)
Retour aux sources pour Air ? Presque 15 ans après son safari lunaire, le duo repart en expédition vers le satellite naturel de la Terre, avec pour mission cette fois d’illustrer la version restaurée du Voyage dans la Lune, film muet de Georges Méliès réalisé en 1902.
Bien sûr on ne peut réellement parler ici d’album, tant la musique est conçue pour accompagner le film et se calque sur le rythme des images de Méliès. Néanmoins, on se souvient qu’en 1999 Air avait réalisé avec brio la mise en musique de Virgin Suicides avec une BO floydienne, un des plus beaux exercices de style de mémoire de cinéphile : détaché du film, l’album s’écoutait admirablement bien et reste aujourd’hui une des toutes meilleures choses conçues par le duo. C’est pour cette raison qu’on attendait beaucoup de cette nouvelle commande. Nicolas Godin et Jean-Benoit Dunckel, dont les dernières productions n’avaient guère convaincu, allaient renouer avec des thèmes qu’ils maîtrisent : le cinéma et l’espace.
L’idée géniale d’Air sur cet album est de ne pas avoir cédé à la tentation du classicisme. Monument du cinéma de science-fiction, Le Voyage dans la Lune échappe au déluge de cordes et d’orchestrations lourdes qui accompagne la plupart des bandes originales actuelles. Pour la première fois depuis longtemps, Air remet le nez dans ses racines électroniques, bidouille, ferme la lounge à clef et surprend. La tendance opérée sur quelques morceaux du dernier opus (tel “Do The Joy”) se confirme ainsi, et le fait que le duo s’abstient de chanter (à l’exception notable de “Seven Stars”) ne rend les choses que meilleures.
Malgré ce retour aux sources, Air ne propose pas un réchauffé de la recette rétro-futuriste de Moon Safari. Le groupe ne s’appuie plus sur une basse sous-marine pour faire rebondir ses arpèges mais propose une approche plus funky : certains breaks appuyés ont un côté hip-hop (comme ces cuivres lourds sur “Astronomic Club”), et le groove minimaliste de “Sonic Armada” rappelle Gorillaz le temps d’une pulsation de basse. Ce morceau qui grince de blips électroniques dissonants voit Air s’aventurer dans des territoires qu’on ne l’avait plus vu arpenter depuis Premiers Symptômes. Même chose pour “Parade” à la tessiture électronique presque 8-bit qu’on aurait bien vu illustrer un beat’ em up à l’ancienne sur borne d’arcade tel Double Dragon.
Évidemment, l’album contient nombre de morceaux planants un peu longuets (c’est la plaie de la plupart des BO) mais Air réussit à les intégrer de façon organique sur le disque, qui ne dure finalement que 30 minutes (soit le double de la durée du film, où les titres sont parfois tronqués). On s’ennuie en somme assez peu au cours de cet album où Air réussit doublement la commande qui lui avait été passée, à savoir illustrer de façon convaincante le film de Méliès et composer un album qu’on aurait envie de réécouter ensuite. C’est chose faite. Bravo messieurs.
Tracklisting :
1- Astronomic Club *
2- Seven Stars
3- Retour Sur Terre
4- Parade *
5- Moon Fever
6- Sonic Armada *
7- Who Am I Now ?
8- Décollage
9- Cosmic Trip
10- Homme Lune
11- Lava *
Vidéo :
Le film :