(Alive 2011)
Qui a dit qu’il ne se passait plus rien à Detroit ?
Dès l’instant qu’on a tourné la tête pour s’intéresser de près à la scène rock’n’roll de San Francisco, il semble qu’une résurgence de la Motor City ait pris place, et c’est encore une fois Alive Records qui nous convie à la fête. Le label californien a sorti plusieurs disques venus de la ville ces deux dernières années (la réédition de Kill City d’Iggy Pop et James Williamson, mais aussi les nouveaux albums de The Sights, Outrageous Cherry, The Witches et Scott Morgan) et semble désormais le domicile de prédilection pour les figures locales que sont Matthew Smith, Jim Diamond et Dave Shettler, dont les noms apparaissent sur les crédits de l’essentiel des albums cités plus hauts.
C’est probablement sous leurs conseils avisés que le label Alive a rencontré Gardens, jeune trio dont le premier album propose dix morceaux R&B psychédéliques. Ce copinage parait louche. Gardens ont-ils usurpé leur place au sein de ce label au line-up parfait ? Non, aucunement. La qualité des morceaux du groupe ne souffre d’aucune contestation possible. A vrai dire, c’est sans doute le meilleur nouveau groupe en provenance de Detroit qu’on ait eu le loisir d’entendre ces dernières années, n’en déplaise à Tyvek, Terrible Twos ou Duende.
Alors bien sûr leur album n’est pas parfait, mais ce n’est que leur premier essai rappelons-le (après un single et une paire de cassettes autoproduites). Quand ils envoient des scies garage-punk aux riffs tournoyants avec une certaine morgue (“Teachers”, “Safe Effect”), Gardens font mouche, et perpétuent en même temps l’héritage local. Mieux, lorsqu’ils ralentissent le tempo, les surprenants Gardens se révèlent capables de lancer des grooves post-punk qui restent salement dans le crane (l’excellente “Maze Time”, “Staring At A Line Is Not Always Fine” aux étonnants relents kraut qui plaira aux fans d’Eddy Current Suppression Ring, “River Perspective”, “Alive In 5D”). Notons au passage le talent de la section rythmique qui, loin de n’être qu’une bête assise binaire, sait produire des rythmes délicieusement chaloupés.
Gardens tentent aussi de donner dans les chansons bluesy semi-acoustiques. Si le spoken-word de “Morning Refresher” fonctionne à peu près avec son ambiance à la Outrageous Cherry, on a plus de mal avec “Ideas To Use”, chanson bêtement répétitive où même les participations amicales de Marcie Bolen (ex-Von Bondies) et Ko Shih (Dirtbombs) ne parviennent pas à sauver le titre de l’envie de zapper. Idem pour “Poems In the Puff”, morceau de fin d’album qui semble ici inclus pour faire le nombre, n’en déplaise aux fans de rock éthylisé. En dehors de ces quelques maigres écueils, le premier album de Gardens est une franche réussite.
Tracklisting :
- Teachers *
- Maze Time *
- Morning Refresher
- Staring at a Line is Not Always Fine *
- Ideas to Use
- Sale Effect
- River Perspective *
- Alive in 5D
- Poems
- Living American
Vidéo :
“Staring At A Line Is Not Always Fine”