(Damaged Goods 2008)
Graham Day est un vétéran de la scène garage-rock, il cultive dans les diverses formations qu’il a mené (The Prisoners, SolarFlares) un rock sixties psyché sans concession. Accompagné de l’explosive section rythmique des Woggles[i], il a formé récemment un power trio redoutable qui a sorti un des meilleurs albums garage-sixties de 2007, Soundtrack To The Daily Grind.
Triple Distilled est le deuxième épisode de ce groupe qui se voulait à l’origine éphémère mais qui semble bâti pour durer. Plus encore que sur le précédent, l’influence des Who des débuts est omniprésente, ce qui donne par moments un côté Jam aux morceaux furieux de Day (dont le timbre est proche de celui de Paul Weller). Le son freakbeat des Gaolers marque néanmoins une grande différence avec celui du modfather punk, il n’est ici question que de fuzz débridées, de refrains chantés en chœur, de roulements de batterie mooniens et de maximum r’n’b.
Contrairement à de nombreux garage-rockeurs revivalistes, Graham Day possède des morceaux qui ne ressemblent pas de façon louche aux classiques du genre. On ne trouve pas de remake voilé de “Substitute” ou “All Day And All Of The Night” ici, et l’album n’en est que meilleur[ii]. De “Glad I’m Not Young” à “Goodbye”, les originaux de Day brossent l’amateur de Nuggets II dans le sens du poil avec une efficacité et une originalité constante. Quelques pistes sortent du lot, comme la spectaculaire “Wanna Smoke” et son riff de fuzz monumental, le single tournoyant “Begging” (rien à voir avec Frankie Valli) et la foire au sitar “Pass That Whiskey”.
Côté textes, le vieux Day est en pleine forme. Il s’amuse de son âge sur “Glad I’m Not Young”, disserte avec humour sur le mensonge dans la vie de couple (“If I tell you you’ve lost weight or if I say that you look great (…) It doesn’t make me a better man , cause I’m not being honest” sur “Better Man”) et râle sur les lois restrictives concernant la clope (de la même façon que les Pretty Things l’an dernier avec leur “All Light Up[iii]“, ce doit être un truc de vieux rockeurs). Son “Wanna Smoke” possède ainsi un texte qui résonnera chez tout ceux qui en ont marre de fumer dehors : “I’m standing in the rain and I’m really pissed off (…) Everyone’s at it cause we’re having a fag. This whole situation is literally a drag, I wanna smoke, and I’m sick of you telling me what I can account to”. Les dépressifs de la clope se sont trouvés un hymne, les amateurs de freakbeat pur jus un groupe à chérir et à aller voir en concert.
Tracklisting :
1. Glad I’m Not Young
2. Better Man *
3. Begging You *
4. Pass That Whiskey
5. Wanna Smoke *
6. Could Be Anywhere
7. Something About You Girl
8. Just a Song
9. If There’s One Thing I Can Do
10. Lost Without My Dignity
11. Turning You Down
12. Goodbye *
13. Most Expensive Sleep [uniquement sur CD] *
Vidéo :
“Wanna Smoke”
Vinyle :
<
p style=”text-align: justify;”>[i] Qui ont sorti un excellent album garage sixties intitulé Rock’n’Roll Backlash en 2007
[ii] Il faut bien avouer que la plupart des groupes garage-rock inspirés par les sixties manquent d’imagination lorsqu’il s’agit d’écrire des morceaux originaux. Combien de fois a-t-on entendu la suite d’accords de “Louie Louie” ou le riff de “All Day & All Of The Night” dans un morceau ?
[iii] On peut télécharger ce morceau sur le site www.alllightup.com