(Sony 2012)
On les avait laissés avec un album mollasson, produit de façon sinistre par quelques uns des producteurs les plus en vue de l’industrie du disque, manifestement à bout de souffle. The Hives ont mis cinq ans à se remettre de la déroute de The White & Black Album. Cinq années à tourner de façon incessante, où les musiciens ont remis les choses à plat, où chacun a retrouvé un sens à faire encore partie de The Hives.
De fait Lex Hives est l’album de la reprise de contrôle pour Pelle Almqvist et sa bande. Enregistré entre Stockholm et Berlin sous la houlette exclusive du groupe, il montre les Hives sous leur meilleur jour, renouant avec ce son punk garage qui fait son identité et son succès. Du classic Hives diraient les anglo-saxons. A l’instar d’AC/DC ou des Ramones, on reconnaît immédiatement la mécanique d’un titre des Hives. Guitares frénétiques, riffs qui tournent en boucle et Pelle Almqvist en bateleur qui s’égosille : on retrouve cette formule sur la moitié de l’album, c’est toujours un peu pareil mais c’est pour cela qu’on aime. Dans ce registre échevelé la meilleure piste est sans doute “1000 Thousand Answers” que les fans de jeux vidéo connaissent depuis un an. “These Speactacles Reveal The Nostalgic”, “If I Had A Cent” et la fantastique “Patrolling Days” sont autant de shoots d’adrénaline dans la même veine.
Le seul problème de Lex Hives, c’est que le groupe ne produit ce genre de rock’n’roll frénétique que sur la moitié du disque. Car Pelle Almqvist aime aussi jouer au crooner de pacotille, on l’a déjà entendu par le passé. Il ne convainc qu’à moitié sur “I Want More” (qui possède une drôle de parenté avec “I Love Rock’n’Roll” de Joan Jett) et se vautre littéralement sur “Without The Money”, sorte de “I Put A Spell On You” raté. Par ailleurs, le groupe pousse parfois trop loin son côté crétin. Que “Come On!” possède comme texte unique le titre du morceau répété un trentaine de fois passe encore, mais un truc tel que “Wait A Minute Now”, malgré sa mélodie agréable, est vraiment trop bas du front pour ne susciter plus qu’un sourire.
Enfin, “Go Right Ahead”, le single qu’on entend tourner depuis des mois, a un côté horripilant indéniable. Ah ça ! on l’a siffloté ce morceau, tellement sa structure est simple et accrocheuse. On s’est fait avoir – et bravo au groupe d’avoir su pondre un truc aussi efficace – mais un après un mois de Lex Hives, on n’en peut plus de cette scie. En plus le riff est pompé sur “Don’t Bring Me Down”, d’Electric Light Orchestra, donc bravo à Jeff Lynne d’avoir pondu un truc aussi efficace, mais on n’en a ras-le-bol de “Go Right Ahead”, comme on n’en peut plus du “popolopopopopo” de “Seven Nation Army” des White Stripes ahané en gesticulant par des milliers de gens pour signifier qu’ils sont heureux.
Parmi les morceaux qui sortent de la formule Hives et qui trouvent grâce à nos oreilles, notons la robotique “Take Back The Toys” (qui parait laborieuse sur disque mais se révèle très efficace en concert) et surtout “My Time Is Coming” qui montre un vrai départ pour le groupe qui surnomme ce titre son “morceau Neil Young”. On y entend les Hives en mode garage-sixties à tendance Nuggets. Le morceau est guidé par un arpège acoustique, une batterie frénétique et une fuzz qui vient tout nettoyer au moment du refrain. Du Count Five sous amphétamines, du Brimstone Howl suédois, appelez ça comme vous voulez, mais ce morceau est la bonne surprise de l’album, celui qui finit de faire pencher Lex Hives du bon côté et nous fait parvenir à la conclusion suivante : The Hives sont encore vivants !
Tracklisting :
- Come on!
- Go right ahead
- 1000 answers *
- I want more
- Wait a minute
- Patrolling days *
- Take back the toys
- Without the money
- These spectacles reveal the nostalgics *
- My time is coming *
- If I had a cent
- Midnight shifter
Vidéo :
“Go Right Ahead”