(Interscope 2007)
Depuis une paire gagnante d’albums au début des années 2000 (Rated R et Songs for the Deaf), les Queens Of The Stone Age de Josh Homme se sont hissés dans la catégorie des groupes incontournables.
Leur avant-dernier disque, Lullabies to Paralyze, sans être au niveau de ses prédécesseurs, était néanmoins un bon album, qui confirmait la capacité du groupe à enregistrer des morceaux pop avec un son encore proche du Stoner Rock. Cet Era Vulgaris, une des grandes attentes de l’année, devrait ravir les fans du groupe : le son des QOTSA est toujours là, énorme et monolithique, les solos de guitare sont distordus à souhait, et les mélodies efficaces et entêtantes.
Apparemment enregistré sans préméditation (et sans aucune chanson écrite avant l’arrivée du groupe en studio) par Josh Homme et sa troupe, Era Vulgaris est un disque à la construction surprenante : les premiers morceaux semblent former une certaine unité : les chansons sont dynamiques et puissantes (« Sick, Sick, Sick », le premier single tiré de l’album, est probablement le morceau le plus immédiatement efficace). Le début d’album est en effet excellent et assez rapide « Turning On The Screw » ; « Sick, Sick, Sick » et « I’m Designer ». La première rupture survient avec le quatrième morceau du disque : emmenée par une guitare plaintive, la ballade « Into The Hollow » modère le tempo sur lequel avait débuté l’album.
Après une intro parfaitement dégingandée, la chanson « Battery Acid » se révèle un morceau étonnant, avec de multiples changements de rythme, des solos et des chœurs improbables et une orchestration audacieuse. La piste suivante, « Make It With Chu » est lui aussi surprenant dans un disque des QOTSA… Cette ballade, néanmoins excellente, dispose de chœurs que l’on qualifiera au mieux de surprenants, et d’un solo de guitare dont les premières notes laissent craindre le pire, mais qui s’avère au final relativement (!) sobre.
Sur « 3’s & 7’s », Josh Homme semble s’être attaché à déconstruire le son habituel des QOTSA : les changements de rythme et de structure donnent un résultat plutôt surprenant, mais terriblement efficace. La chanson suivante, « Suture Up Your Future », est une nouvelle ballade soutenue par une ligne de basse puissante : malheureusement ce morceau n’est pas une franche réussite, malgré la dernière partie qui redynamise une chanson qui en avait cruellement besoin. « River In The Road » apparaît ensuite comme le morceau « épique et raté » du disque : ambitieux mais vain, il ne semblait pas franchement indispensable. Heureusement, le dernier morceau, « Run Pig Run », revient à des bases plus solides : batterie survoltée et implacable, riffs dévastateurs, chœurs en « whoo-hoo-hoo », solos qui paraissent être joués avec une scie… Le disque s’achève sur cet extraordinaire moment de bravoure où l’influence d’Alice Cooper (période « Halo Of Flies ») apparaît de façon évidente.
L’ensemble de cet Era Vulgaris est assez hétéroclite et surprenant (ce qui semble logique au vu du titre), ce qui va certainement déplaire à certains accros des Queens Of The Stone Age. Josh Homme ne semble pas se préoccuper de plaire à quiconque, et livre ses LP à un rythme impressionnant ; après ce disque, les QOTSA restent une valeur sûre.
Liste des chansons :
1. Turning On The Screw
2. Sick, Sick, Sick *
3. I’m Designer
4. Into The Hollow
5. Misfit Love
6. Battery Acid
7. Make It With Chu *
8. 3’s & 7’s *
9. Suture Up Your Future
10. River In The Road
11. Run Pig Run *
Vidéos :
“Sick, Sick, Sick”
Vinyle :
La version vinyle est superbe : un triple album au format 10 pouces.