(Mute 2007)
Un an à peine après avoir sorti l’un des seuls grands albums de 2006 (Drum’s Not Dead), le meilleur groupe new-yorkais est de retour.
Sur leur précédent album, les Liars s’appuyaient sur une rythmique infaillible pour se lancer dans d’hypnotiques délires morbides. La dernière piste du disque (« The Other Side Of Mt Heart Attack ») prouvait la capacité du groupe à écrire des morceaux immédiatement efficaces. A l’image des groupes Krautrock des années 1970 (Can, Neu !, etc.), les Liars s’affranchissent des genres musicaux et transcendent les constructions classiques des chansons rock. Sous un apparent désordre et au cœur d’un véritable maelström sonore, l’incroyable qualité des morceaux enregistrés par le groupe devient néanmoins une évidence, même si plusieurs écoutes sont parfois nécessaires.
Ce quatrième LP ne déroge pas à la règle en vigueur chez les Liars : comme les précédents, le disque est varié et imaginatif, et cette fois ce sont les guitares qui sont à l’honneur. Après un premier morceau implacable (« Plaster casts of everything », déjà sorti en single), Liars présente des pistes où les références sont aussi diverses que maîtrisées : « Houseclouds » sonne comme un hommage à Beck, qui reste pourtant pertinent par le chant spécifique et par la construction inventive du morceau. « What would they know » et « Pure unevil » sont hantés par l’ombre du Velvet Underground, tout comme « The Dumb in the rain », sur lequel le groupe s’affranchit de cette référence pour s’engager dans des directions plus expérimentales et personnelles. Ce dernier morceau, magistral, démontre une fois de plus les possibilités du groupe à créer des objets musicaux novateurs et pertinents. Les morceaux plus intimistes, tels « Sailing to Byzantium » et « Protection », sont les chansons que les Flaming Lips auraient voulu enregistrer. La dernière chanson du disque, « Protection » est un pur moment de grâce, qui sonne comme le résultat d’une improbable rencontre du Pink Floyd (post-Barrett) et de la bande d’allumés de Wayne Coyne.
Ce quatrième disque du groupe permet de constater de nouvelles évolutions dans les enregistrements : « Leather Prowler » reprend les rythmes angoissants de Drum’s not dead en y adjoignant une guitare déglinguée. De la même manière, « Clear Island » allie des guitares (omniprésentes sur ce disque) et les percussions des albums précédents des Liars (en particulier celles de They were wrong so we drowned et de Drum’s Not Dead ). Les solos de guitares de « Clear Island » sont déments, inattendus et stupéfiants, et le chant d’Angus Andrew, scandé de façon mécanique, est entouré de chœurs inquiétants. Le groupe se lance dans des morceaux de bravoure, comme « Cycle Time », qui s’ouvre par une intro rock efficace emmenée par un puissant riff de guitare, et où les Liars démontrent leur maîtrise technique et la liberté qu’ils prennent vis-à-vis des structures classiques. La batterie syncopée et des solos de guitares saturés et réjouissants de « Cycle Time » accompagnent le chant qui a depuis longtemps abandonné les concepts de couplet et de refrain.
Un des meilleurs albums de l’année, ce disque éclectique n’a pas de point faible. Le groupe s’est même permis d’enregistrer avec « Freak Out » une chanson à la forme plus familière : les guitares mènent le débat et en font un morceau rock implacable. Dans un monde parfait, « Freak Out » sortirait en single et serait n°1.
Liste des chansons :
- Plaster Casts Of Everything
- House Clouds
- Leather Prowler
- Sailing To Byzantium
- What Would They Know
- Cycle Time
- Freak Out
- Pure Unevil
- Clear Island
- The Dumb In The Rain
- Protection
Vidéo :
“Plaster Casts Of Everything”
Vinyle :