(Sire 1977)
Personnage central de la scène punk de New-York, le chanteur et bassiste Richard Hell (de son vrai nom Richard Meyers) a eu un parcours atypique avant de sortir ce disque, accompagné par les Voidoids. En 1969, il forme avec Tom Verlaine, (un ancien collègue de lycée) le groupe The Neon Boys, qui deviendra quelques années plus tard Television. Richard Hell quitte le groupe après l’enregistrement des premières démos : à l’origine, TVerlaine et lui devaient se partager l’écriture des morceaux, mais Hell a vite compris que son « ami » n’allait pas tenir parole.
Après une nouvelle période d’attente, pendant laquelle il a tenté de former un nouveau groupe, The Heartbreakers1, avec Jerry Nolan et Johnny Thunders qui venaient de quitter les New York Dolls, Richard Hell enrôle finalement les Voidoids, avec lesquels il va sortir un disque fondateur du punk new-yorkais. Malcolm McLaren, le manager (et tête pensante) des Sex Pistols, a reconnu à plusieurs reprises s’être inspiré de Richard Hell pour créer ce qui allait devenir l’esthétique punk (cheveux hérissés, vêtements déchirés, épingles à nourrice, etc.). Heureusement, ce disque est remarquable, avant tout pour la qualité de ses morceaux, et pas seulement pour l’imagerie punk naissante qu’il a contribuée à populariser. Blank Generation est en effet un des meilleurs albums de l’année, et comporte quelques-unes des meilleures chansons de punk-rock new-yorkais. « Love comes in spurts » est ainsi caractéristique des morceaux du groupe : rythmes syncopés, solos de guitare aberrants, et chant à l’abandon.
L’album est marqué par une foule d’influences diverses, depuis le romantisme désespéré de « In another world » («I could live with you in another world… Not this one ») au manifeste punk de la chanson-titre, dont les solos de guitare semblent avoir marqué Pete Doherty (« I belong to the blank generation / And I can take it or leave it each time »).
« New Pleasure », « Down at the Rock’n’Roll Club » et « Who says (it’s good to be alive) » sont des chansons excellentes à l’influence rock prédominante, et qui rend définitivement inutile l’étiquette “punk” appliquée à des groupes aussi différents que Sex Pistols, Clash, Undertones, Buzzcocks, Dead Kennedys, Television et même Patti Smith ou Blondie. Les autres pistes proposent des styles divers : « Betrayal takes two » est un morceau plus calme, au son et aux paroles dégingandés ; quant à « Walking on water » et « The Plan », ils possèdent un lien de parenté évident avec Television.
L’approche directe de Richard Hell & The Voidoids a contribué à révolutionner le rock, qui se perdait entre prog-rock prétentieux et hard-rock (non moins prétentieux). Blank Generation a donc été un disque d’utilité publique, et continue à l’être : il propose une perspective intéressante sur les premières années de la scène punk de New York, et ses chansons restent efficaces et pertinentes, plus de trente ans après la sortie du disque.
Liste des chansons :
1. Love Comes in spurts *
2. Liars Beware
3. New Pleasure *
4. Betrayal takes two
5. Down at the Rock & Roll Club *
6. Who says (it’s good to be alive) *
7. Blank Generation *
8. Walking on the water
9. The Plan *
10. Another World *
11. I’m you man
12. All the way
1Attention : The Heartbreakers est aussi le nom du groupe qui accompagnait Tom Petty, qui n’a aucun lien avec celui formé par Nolan, Hell et Thunders.
Vidéo :
“Blank Generation”