(MGM 1972)
Représentants emblématiques du mouvement bubblegum qui prit le grand public d’assaut au tournant des années 70, les Osmonds étaient cinq frères aux dents blanches qui connurent un grand succès grâce à leurs chansons pop sucrées et mielleuses taillées pour les charts. Des Jackson 5 blancs et mormons où le jeune Donny, teen-idol dont la photo était punaisée au mur de toutes les jeunes adolescentes américaines, chantait de sa voix pré-pubère des bluettes niaises au succès planétaire. Le Justin Bieber de son époque en somme, entouré de ses quatre frères, tous aussi propres sur eux et inoffensifs que lui.
Après des années de gloire, les grands frères décidèrent de prendre contrôle de la destinée du groupe et prirent la décision inattendue de jouer du rock’n’roll. Telle était leur vraie passion, et derrière leur image rose bonbon, les ainés Osmonds vouaient une admiration folle à Led Zeppelin et les Beatles. Lassés des sucreries pop, Alan, Merrill et Wayne mirent ainsi leur frère cadet de côté pour affirmer qui ils étaient vraiment : des chevaux fous décidés à se frotter à une musique sérieuse.
Il résulta de cette mutation un single renversant nommé “Crazy Horses”, bâti autour d’un riff agressif et de cuivres rutilants, lancé par un cri distordu joué au Theremin. Ce coup d’éclat inattendu figure au panthéon des grandes chansons glam-pop des années 70, un morceau de bravoure aussi improbable que superbe qui détonne complètement dans l’oeuvre du groupe. L’album qui suivit ce morceau – dont le thème est celui de la pollution automobile – est à l’image de la face B de ce 45 tours qui fait les beaux jours des bacs à soldes et des brocanteurs : c’est une ballade mièvre et insipide, destinée à un public féminin, typique du son Osmonds.
Poussés par leur succès mondial, les Osmonds enchainèrent avec un projet encore plus délirant que ce “Crazy Horses” plein de panache. En âge de faire des missions pour l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dont ils étaient (et sont toujours) membres, les frangins décidèrent de convertir leur public au mormonisme par le biais d’un concept-album progressif nommé The Plan. Un disque ambitieux, amusant et parfois plaisant qui mérite d’être connu, même si jamais on n’y retrouve la fraîcheur et l’énergie de ce single fantastique qui reste un one-off inégalé dans l’œuvre des Osmonds.
Tracklisting :
Face A :”Crazy Horses” *
Face B : “That’s My Girl”
Vidéo :
Vinyle :