Moins d’une semaine avant la sortie de son premier album post-libertines, Carl Barat et ses Dirty Pretty Things entament ce qui n’est que leur deuxieme veritable tournee. On a beaucoup entendu parler des prestations decevantes de ce groupe en Italie ou a Paris plus recemment alors que le groupe etait en rodage. Barat avait alors decide de jouer hors d’Angleterre pour ne pas s’aliener la presse et les fans avec un show pas encore au point.
A l’issue de ce concert liverpuldien, on n’hesite pas a affirmer que son groupe est pret, pret a prendre le pays d’assaut. Apres une excellente premiere partie effectuee par un jeune groupe de Leeds nomme The Pigeon Detectives qui ont fait mieux que chauffer la salle (grace notamment a un frontman gouailleur et sur de lui), Barat et sa clique se pointent sur scene tout de noir vetus. Tres rapidement, on se rend compte que les deux faire-valoirs que sont Didz Hammond et Anthony Rossomando (respectivement bassiste et guitariste) manquent singulierement de charisme et ont un jeu scenique plutot pataud. De fait, on a du mal a detacher le regard de celui qui est veritablement le heros de la soiree avec, dans une moindre mesure, le solide batteur Gary Powell, lui aussi rescape des Libertines. A l’image des musiciens de Babyshambles, ceux de Dirty Pretty Things brillent par leur transparence.
Le groupe ouvre avec le morceau qui entame son futur album, l’excellent “Deadwood” que le public reprend en coeur, assumant ainsi totalement le piratage de Waterloo To Anywhere qui ne sort que dans une semaine. Il en sera de meme pour la plupart des morceaux, notamment le punk “You Fucking Love It”, “The Enemy” et “Blood Thirsty Bastard”. Evidemment, les plus grosses ovations ont ete reservees aux morceaux des Libertines. “Death On The Stairs” et “France” sont de joyeux singalongs tandis que “I Get Along” conclut la soiree en beaute avec toujours ce frisson quand la salle entiere crie le fameux “fuck’em!” de la chanson.
Dirty Pretty Things sont aujourd’hui un groupe parfaitement au point, loin de la bande d’amateurs que laissaient entendre les nombreuses critiques reservees de leur concert parisien. On dirait meme que le groupe sonne trop professionnel, trop huile. Il manque cette folie qu’on trouvait chez les Libertines (et qui est carrement malsaine chez Babyshambles, cf la chronique de PlanetGong sur le concert du 19 Janvier). Ceci est neanmoins compense par la qualite des morceaux de Barat qui sont pour la plupart excellents, a l’exception de quelques uns qui peinent a decoller sur scene (on pense notamment a “If You Love A Woman” mais deja sur l’album ce morceau est laborieux). Le probleme de Barat aujourd’hui est avant tout qu’il manque de repertoire – il joue l’integralite de son album ainsi que trois morceaux des Libertines – et que son groupe s’essouffle sur une paire de morceaux en milieu de concert. Peut-etre devrait-il jouer plus de morceaux de son ancien groupe (“Narcissist”, “Vertigo”, “Road To Ruin”, “Boys In The Band” sont des chansons qui portent indubitablement sa marque) mais il apparait evident qu’il ne veut pas que Dirty Pretty Things deviennent un tribute band des Libertines.
Dirty Pretty Things sont aujourd’hui un groupe excellent a voir sur scene, meme si tout repose un peu trop sur les epaules de Carl Barat sur lequel tout le monde a les yeux rives (pour le rappel, le public crie “Carlos!” et non le nom du groupe). Il leur manque un peu de repertoire pour faire un concert parfait. Nul doute qu’avec quelques bonnes chansons de plus sous le coude et en ecartant les moins interessantes, Dirty Pretty Things deviendront un groupe de premier ordre a voir sur scene. La qualite d’un morceau comme “Bang Bang, You’re Dead” et la reaction extatique qu’a entraine ce petit chef-d’oeuvre sur le public est la preuve indeniable que Barat est capable de grandes choses.