(Placid Casual Records 2005)
El Goodo n’est pas un groupe pressé : sa première apparition discographique (un single) date de 2001, sa deuxième de 2005 et sa dernière, le bien aimé Coyote, remonte à 2010. Entre chaque disque, environ 5 ans, donc. Les plus matheux d’entre vous auront tilté, nous sommes en 2016 et une nouvelle fournée aurait déjà dû voir le jour.
Le groupe a d’ailleurs annoncé un album pour l’été dernier en février 2015, et une tournée dans la foulée. Il était même question d’un passage en France ! Et pourtant, lecteurs, mes chers lecteurs, nous sommes à la mi-2016 et je ne vois rien, que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie, et je vous prie de bien vouloir croire que ça commence à me peser, cette histoire. Aussi, pour conjurer le mauvais sort et invoquer les bons esprits, le très influent et très éminent comité d’experts de PlanetGong a estimé que revenir sur leur premier album était une excellente idée.
Il faut d’abord prévenir la horde des fans du groupe qui ne connaîtraient pas ce premier album et se réjouiraient déjà à l’idée de découvrir un autre chef d’œuvre absolu du niveau de Coyote : El Goodo est un peu moins bon que son successeur, et les cinq ans qui séparent ces deux efforts ont assurément permis au groupe d’affiner leur savoir-faire. Néanmoins, ne crachons pas dans la soupe, je vous prie : El Goodo était déjà, en 2005, l’un des tout meilleurs groupes de pop au monde – et d’assez loin. (Nb : je viens de vérifier le cahier des charges de cette critique, et je vous confirme qu’il n’y est nullement fait mention d’une quelconque “objectivité”.)
El Goodo demeure donc un très bon album, à l’insouciance et au charme immenses. Si la variété des ambiances et des compositions est moins évidente que sur Coyote, l’écriture du groupe est déjà bien rodée, la plupart des morceaux étant d’une remarquable efficacité. Le groupe excelle aussi bien dans les morceaux enlevés (la byrdsienne « Surreal Morning », « Chalking The Lines » et son imparable refrain) que dans des ballades d’une fragilité bouleversante (« I Saw Nothing » et « What Went Wrong », superbes). De plus, la production et les arrangements, effectués par le groupe, sont d’une qualité stupéfiante pour des morceaux enregistrés dans un home-studio : sur « If I Were A Song », par exemple, El Goodo se pare d’atours spectoriens (clochettes, violons et batterie caractéristique du wall of sound), pour une merveilleuse chanson qui ressuscite la candeur des Ronettes et des Crystals. L’album contient bien quelques morceaux de remplissage, tels les quelconques “Honey” ou “Silly Thoughts”, mais on n’y trouve nulle part matière à rougir ; El Goodo est tout simplement incapable de nullité.
Nous l’indiquions en 2010 dans la critique de Coyote, les cinq hommes ne se soucient guère de coller à leur temps : ils le revendiquent ici sur le morceau « Stuck In The Sixties », qui aligne les attributs sixties sans le moindre complexe et dont l’excellence s’avère la meilleure défense possible de leur art. Toujours en 2010, nous souhaitions voir ce groupe dénué du moindre cynisme et doté de capacités d’écriture hors normes connaître un semblant de reconnaissance. Six ans plus tard, sa situation ne semble pas s’être améliorée, mais nous gardons bon espoir : à n’en point douter, son prochain album sera lui aussi fantastique et lui attirera des dizaines de milliers de fans qui, enfin, verront en El Goodo ce qu’il a toujours été : le plus précieux des trésors gallois (devançant Gareth Bale même).
Tracklisting :
- Life Station
- Surreal Morning *
- If I Were A Song *
- I Saw Nothing *
- Honey
- What Went Wrong *
- Esperanto
- Chalking The Lines *
- Here It Comes
- Stuck In The Sixties *
- Silly Thoughts
En écoute :
L’album est difficile à trouver au format physique, mais il est en écoute intégrale sur soundcloud à l’adresse suivante : https://soundcloud.com/el-goodo/sets/el-goodo