(Diamondtraxx 2007)
Après deux années passées à distiller bonheur et rock’n’roll dans toute l’Europe, les Hushpuppies reviennent avec un nouvel album gigantesque, aussi bon que leur précédent, l’effet de surprise en moins. La seule chose qui nous empêche de hurler au génie à propos de Silence Is Golden, c’est que les Hushpuppies ne proposent rien de franchement nouveau (hormis un son de clavier complètement dingue) par rapport à l’illustre The Trap. Sinon, c’est du tout bon.
Commençons par ce qui fâche. Dans la colonne des moins, on notera que l’écriture évolue peu, quelques morceaux sont très proches de ceux du premier album (en particulier “Lost Organ” qui est le petit frère de “1975”). Pas de grosse surprise non plus côté son, même si les Hushpuppies ont musclé leur jeu. L’exemple du single “Bad Taste And Gold On The Doors” est assez parlant : sur les premiers accords on dirait du BRMC* – c’est puissant, binaire comme un scie krautrock, et la guitare envoie du plomb. On retrouve ce même son tellurique par intermittences sur “Fiction In The Facts”, un morceau de bravoure dans lequel Wilfried Jourdan propose le son de clavier le plus fascinant depuis que Rick Wright a remisé son Farfisa.
Dans l’ensemble, leur son s’est densifié, moins mod, plus électronique, planant parfois même. L’alliance moog/basse mélodique de certains morceaux les situe dans la droite lignée de Gainsbourg, Air et Burgalat dans un registre French pop cinématographique. Avec un surdoué comme Guillaume Le Guen à la basse, ces morceaux sont un vrai régal. Il n’y a qu’à écouter “Love Bandit” : alors que les Hushpuppies nous refont le coup – toujours efficace pour les Beatlemaniaques dociles que nous sommes – de la descente de mellotron, celui qui emporte le morceau tient une grosse guitare à 4 cordes entre les paluches. La basse se promène, s’égare, on s’évade avec… et puis soudain on est réveillé par un orage qui gronde au lointain. Le clavier monte en puissance, la guitare est prise d’épilepsie, c’est la tempête. Les Hushpuppies savent faire monter un morceau en puissance, leurs refrains sont souvent des cris libératoires. On monte le volume à fond pour “A Trip To Vienna”, le meilleur morceau de l’album, “Down Down Down” ou “Lost Organ”. On se trouve des envies d’hurler avec eux, leur groove nous caresse l’épiderme, on est sous le charme.
L’album s’essoufle un peu sur la fin, avec quelques morceaux franchement décevants, comme “Broken Matador” qui pompe (cite?) le monstrueux riff de guitare de Nada Surf sur “Firecracker” – sans doute la meilleure chanson de ce groupe sympathique – et “Harmonium”, l’ultime morceau, qui se veut reposé, mais a tendance à emmerder (même si dans un moment de faiblesse on peut lui trouver une atmosphère sombre plutôt agréable).
Ceci n’altère que très peu la qualité de l’ensemble. L’album est très équilibré, il contient quelques tubes (“Bad Taste And Gold On The Doors”, “Hot Shot”), deux ou trois fillers et un niveau général excellent. Pas de révolution, mais un album cohérent, aussi bon que le premier, qui confirme tout le bien qu’on pense de ce groupe d’esthètes parmi les esthètes. Les Hushpuppies tracent leur sillon, les grandes manœuvres viendront plus tard. Pour l’instant, savourons le fait qu’une des meilleures cames du moment soit fabriquée en France, bientôt en tournée chez vous.
Tracklisting :
1. A Trip To Vienna *
2. Lost Organ *
3. Moloko Sound Club
4. Bad Taste And Gold On The Doors *
5. Love Bandit
6. Down, Down, Down *
7. Fiction In The Facts
8. Lunatic’s Song
9. Hot Shot *
10. Broken Matador
11. Harmonium
Le site officiel des Hushpuppies
Vidéos :
“Bad Taste And Gold On The Doors”
* abbréviation pour Black Rebel Motorcycle Club, mais vous le saviez déjà, non?