(Jagjaguwar 2017)
C’est désormais une habitude puis qu’ils nous font le coup à chaque fois : Foxygen sont vivants ! On croyait le duo californien mort et enterré après son désastreux double-album enregistré à Los Angeles dans un brouillard de drogues. Le voici qui nous revient avec un album ambitieux enregistré en compagnie des mômes de Lemon Twigs, en mode cabaret.
Souvenez vous, …And Star Power montrait un groupe en plein implosion, incapable d’achever correctement ses morceaux qu’il publiait dans un état proche de la démo. Le groupe avait enrobé cette défaite stylistique dans un gloubi-goulba mystique auquel il ne semblait croire qu’à moitié, défendant mollement l’idée de cet album en tant que concept.
Pour son retour, Foxygen ne pouvait pas faire un disque ordinaire. Il fallait marquer le coup. Hang se veut ainsi un retour fracassant. Un disque enregistré en compagnie d’un orchestre symphonique dans lequel les membres de Foxygen semblent déterminés à montrer à leurs détracteurs ce qu’ils ont dans le ventre. Il y a beaucoup de choses (probablement trop) dans ce disque inspiré par la musique des comédies musicales de Broadway. Le duo propose huit morceaux aux arrangements superbes mais oublie au passage tout sens de la mesure.
Evidemment, Sam France persiste dans ses maniérismes ridicules qui font passer le Mick Jagger cabotin de “Dancing In The Street” années pour un exemple de sobriété. Bien sûr, tout cela est très décousu, comme cette propension à tripler la dose de chantilly dès que l’occasion s’en présente (on pense au fameux pont d'”America qui part en classique puis en polka puis jazz sans transition aucune, mais avec un panache indéniable), mais l’album possède plusieurs beaux moments comme le trip vaudevillien d'”Avalon” ou la ballade à saveur FM seventies de “On Lankershim”.
On peut trouver ça très beau, on peut trouver ça très chiant, ou même les deux à la fois par moments. En tous cas, il est difficile de prendre le groupe au sérieux sur la durée de l’album, tant Foxygen lui-même ne semble pas y croire. France multiplie les excentricités vocales, enrobe ses chansons de textes outranciers et tire l’album vers la grand-guignol. Ecrasé par le poids de ses ambitions, saboté par un chanteur épuisant, Hang finit par lasser plus qu’il ne fascine. Si Foxygen prouvent une fois de plus qu’ils ont un indéniable talent, celui-ci ne s’exprime à nouveau que dans le désordre et le chaos, et à de trop rares occasions.
Tracklisting
- Work
- Mona
- Seeing Other People
- Face The Facts
- Livin’ a Lie
- The Thing Is
- News
- Flag at Half-Mast
- The Conclusion
Vidéos
“Avalon”