(Domino Recordings ; 2008)
Après deux excellents albums (Keep On Your Mean Side et No Wow), le duo anglo-américain The Kills est de retour avec un nouveau disque. Si le premier était un modèle de chansons directes minimalistes où la guitare de Hotel était prédominante, le deuxième était marqué par une texture sonore beaucoup plus synthétique, chargée de blip-blips réjouissants, qui démontrait une évolution surprenante, et laissait admiratif.
Pour ce troisième LP, la production d’Alex Epton n’a pas apporté grand-chose au groupe… L’évolution dans le son n’a rien d’exceptionnelle ; on n’a malheureusement jamais l’impression de surprise et l’enthousiasme qui nous avait scotchés à la découverte No Wow. Heureusement, et c’est le principal, les morceaux sont plutôt bons. L’excellente « U.R.A. Fever », qui ouvre le disque, est caractéristique du groupe ; les voix de VV et de Hotel se répondent, la batterie est simple et monolithique, la guitare pose ses accords tranchants – et les habituels solos déconstruits d’Hotel, qui posent des notes surprenantes mais efficaces. Autour du deuxième morceau, « Cheap and Cheerful », les avis au sein de la rédaction PlanetGong sont partagés : si on a pu entendre des choses comme « cette chanson a un beat insupportable à la Britney Spears », on a aussi mis en évidence le jeu de rythmiques diverses qui se promènent au second plan, et les implacables paroles du refrain : « I want you to be crazy ‘cos you’re boring baby when you’re straight / I want you to be stupid ‘cos you’re boring baby when you’re safe. ». Moralité : faites-vous une idée vous-même. Une chose est sûre : la mélodie a des liens de parentés avec une bonne demi-douzaine d’autres chansons, en particulier à cause des réminiscences du Jungle Beat de Bo Diddley, évidentes sur ce morceau.
Midnight Boom est un bon disque, mais qui n’atteint jamais les sommets de ses deux prédécesseurs ; on attendait plus des Kills, qui avaient placé la barre très haut avec deux albums irréprochables. L’album est pourtant plus que convenable, et les amateurs du groupe seront certainement comblés : l’alchimie unique entre VV et Hotel fonctionne toujours : ces deux artistes ont construit un univers particulier, et qui reste pertinent, quel que soit le style choisi. « Getting Down », chanté à deux et son refrain saccadé sont un des grands moments du disque : l’orchestration s’enrichit par petites touches (guitares électrique et acoustique, rythmes divers). Le morceau suivant, « Last Day Of Magic » est aussi réjouissant, avec son riff efficace et sa ligne de basse entêtante, qui introduit « Hook and Line », sur lequel VV chante seule sur une mélodie qui revient inlassablement (le morceau possède aussi un pont étonnant, dont l’écoute au casque est saisissante).
Parmi tous les groupes qui ont émergé au début des années 2000, peu ont continué à sortir de bons disques ; chez les Kills, la qualité est toujours présente, que ce soit
sur les morceaux lents (« Black Balloon ») ou ceux sur lesquels la tension est palpable (« Hook and Line », « Sour Cherry »).
Projet le plus ambitieux du groupe à ce jour, Midnight Boom souffre de l’absence d’un ou deux morceaux imparables pour atteindre le niveau de Keep On Your Mean Side ou de No Wow. A l’écoute du dernier morceau du disque, il est impossible de ne pas penser à « Gypsy Death and You » ; « Good Night, Bad Morning » est aussi une jolie ballade, commencée par un arpège de guitare acoustique… Malheureusement, la première reste de loin meilleure que la seconde, et les Kills devront prouver autre chose avec leur prochain disque, s’ils veulent rester un groupe important.
Liste des chansons :
- U.R.A. Fever *
- Cheap and Cheerful
- Tape Song
- Getting Down *
- Last day of Magic *
- Hook and Line
- Black Balloon
- M.E.X.I.C.O.C.U
- Sour Cherry
- Alphabet Pony
- What New York used to be
- Goodnight Bad Morning
Vidéo
“U.R.A. Fever”