FRED NEIL – Bleecker & MacDougal

Un folk de grande classe

(Elektra ; 1965)

Premier album solo[1] d’un artiste atypique aujourd’hui largement ignoré, Bleecker & MacDougal est un excellent disque de folk aux influences diverses.

L’album est un véritable instantané de la scène folk new yorkaise des années soixante, dans ce qu’elle avait de meilleur. Fred Neil impose avec facilité sa voix chaleureuse, basse et profonde, qui démontre un éventail impressionnant dans différents styles, qui vont de la ballade de crooner (« Little bit of rain ») aux blues (« Blues on the ceiling »), en passant par des morceaux de country dynamique et enjouée (« Bleecker & MacDougal »).

Les arrangements sont délicats et précis : Fred Neil, avant même l’enregistrement en studio de ses premières chansons, était une figure importante de la scène de Greenwich Village. Sur Bleecker & MacDougal (un disque où n’apparaît jamais de batterie), parmi les musiciens qui accompagnent Neil, on retrouve notamment Felix Pappalardi (producteur de Cream quelques années plus tard, puis fondateur et membre du groupe Mountain) à la guitare basse, et John Sebastian (The Lovin Spooful) à l’harmonica.

Dès les premières mesures de Bleecker & MacDougal, les éléments se mettent en place comme dans un rêve. La basse, imposante, s’affirme tranquillement, les guitares acoustiques et / ou électriques entourent la mélodie principale, jouée à la guitare acoustique, et l’harmonica génial, qui prend une place prédominante dans la construction des chansons. Dans la majeure partie des cas, il fait écho au chant de Neil, en reprenant sa mélodie, ou en lui offrant un contrepoint efficace. La chanson « Country Boy » est un bon exemple de la qualité du groupe qui entoure le chant de Neil, élément central d’un univers sonore précis et maîtrisé (« Now I’m just a country boy / I got sand all in my shoes / You know I got stuck in the big city / Got to sing the big city blues »). 

Sur ce premier album, Neil semble enregistrer ces treize pistes sans jamais vouloir choisir entre ces différents styles. Rétrospectivement, il est possible d’avancer que cette apparente indécision, ainsi que la polyvalence de Fred Neil auront été responsables de sa carrière trop rapidement interrompue, et du relatif oubli dans lequel il est tombé aujourd’hui. Cet excellent disque, qui fut suivi de son dernier album studio, Fred Neil (rebaptisé Everybody’s talkin’ après le succès du film Macadam Cowboy où apparaissait la version enregistrée par Harry Nilsson), montrait pourtant un artiste au talent impressionnant, qui aurait mérité une autre carrière.   

D’autres raisons peuvent être invoquées pour expliquer l’étrange non-carrière de Fred Neil… La plupart tenant davantage du racontard et de la recherche de sensationnel que de la véritable information, on s’en passera ici. Une des clefs de « l’énigme Fred Neil » réside probablement dans l’attentisme certain du chanteur, qui choisit de ne se produire que lorsqu’il en avait réellement envie (ce qui fut malheureusement rare). Quelles que puissent être les explications, elles sont inutiles, au même titre que les éternelles hypothèses qui tentent d’imaginer une autre histoire : il ne reste que ce qui est enregistré. En ce qui concerne Fred Neil, il s’agit d’une paire de disques excellents, à apprécier aujourd’hui, et pour toujours.

 

 

Liste des chansons : 

  1. Bleecker & MacDougal *
  2. Blues on the ceiling *
  3. Sweet mama *
  4. Little bit of rain
  5. Country Boy *
  6. Other side of this life *
  7. Mississippi Train *
  8. Travelin’ Shoes *
  9. The water is wide
  10. Yonder comes the Blues *
  11. Candy Man
  12. Handful of gimme
  13. Gone again *

 

Vidéos:

 

 


[1] En 1964, un disque (également sorti par Elektra) intitulé Tear down the Walls, signé Martin & Neil, marquait en réalité les débuts discographiques de Fred Neil. Pour ce véritable « premier » disque, Neil était accompagné de Vince Martin.

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2 Commentaires
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Frank
Invité
23 juin 2009 7 h 15 min

Un grand monsieur ce Fred Neil ! Bien vu l’hommage. La compilation Many Sides of Fred Neil est pas mal non plus pour celles et ceux qui ne veulent pas collectionner les albums.

ZiGGy
Invité
ZiGGy
23 juin 2009 9 h 03 min

D’un autre côté, une compilation c’est déjà horrible en temps normal, alors avec quelqu’un d’aussi peu productif… A part pour collectionner les trucs hors albums, à quoi bon ?

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