(Alive Records 2011)
Depuis leurs débuts, Radio Moscow ont évolué de “projet solo du jeune Parker Griggs” à “trio blues-rock mené par le virtuose Parker Griggs“.
Que de chemin parcouru depuis ce jour de 2006 où le jeune guitariste donna à Dan Auerbach une cassette de ses bidouillages personnels après un concert des Black Keys ! Sous la houlette de ce dernier, Griggs enregistra le premier album de Radio Moscow, dont il était l’unique membre permanent. Les années passant, un véritable groupe s’est formé et rodé sur scène. Désormais, les musiciens qui forment Radio Moscow sont une vraie machine de guerre blues-rock, un assemblage de musiciens virtuoses au talent indéniable… mais bien trop bavards. Car de la virtuosité technique, cet album n’en manque pas. Il en regorge même jusqu’à l’écœurement.
C’est indéniable, Parker Griggs est un guitariste doué. Surdoué même. Le seul ennui, c’est qu’il a un peu trop tendance à le démontrer en public. Pour avoir vu Radio Moscow en 2009 et 2011, la comparaison est stupéfiante. On peine à reconnaître les morceaux du premier album, qui ont mué en deux ans de saillies blues-punk aux riffs saignants en assommantes tornades blues à rallonge. A l’image de ses concerts, cet album de Radio Moscow est éprouvant. A l’écoute de The Great Escape Of Leslie Magnafuzz, on ressent un sentiment de mal de mer, de ras le bol, devant la frénésie et l’absence de ligne directrice qui émane des interminables soli de Parker Griggs.
Parce que si on reste béat d’admiration devant le talent brut et la technique des trois musiciens, cet album est d’un ennui mortel. Fatigant dès le premier morceau qui refuse toute subtilité et s’apparente à une séance de perceuse chez le dentiste (“Little Eyes” commence par un solo de wah-wah frénétique d’une minute, tout un symbole), The Great Escape Of Leslie Magnafuzz semble destiné à ceux qui vénèrent Jimi Hendrix pour ses aptitudes techniques et aux fans de Ten Years After en manque d’empilages pentatoniques. Les pistes s’enchaînent, sans respiration, sans mélodie, seuls les tempos varient dans cet album au niveau de testostérone extrêmement élevé où Radio Moscow fait du blues un enchaînement de solos et de ruptures qui n’ont d’autre but que d’impressionner, dans un empilement grotesque.
Avec cet album démonstratif, Radio Moscow touche le fond de l’auto-suffisance. C’est pour éradiquer ce genre de délires pyrotechniques indigestes et sans âme que le punk est né à la fin des années 70. La grande échappée du groupe s’apparente plutôt à un trip autiste, une erreur de jeunesse commise par un groupe qui aurait bien besoin d’un sacré recadrage.
Tracklisting :
1. Little Eyes
2. No Time
3. Speed Freak
4. Creepin’
5. Turtle Back Rider
6. Densaflorativa
7. I Don’t Need Nobody
8. Misleading Me
9. Summer of 1942
10. Insideout
11. Deep Down Below
12. Open Your Eyes
Vidéo :
Un morceau parmi d’autres…