(1966 ; Kama Sutra)
The Lovin’ Spoonful est un groupe dont les chansons les plus connues (« Daydream » et « Summer in the city ») sont des classiques qui se trouvent sur la majorité des compilations de musique pop américaine des années soixante. Leur attrait est évident, et il reste difficile de ne pas siffloter ces morceaux pendant les quelques heures / les quelques jours qui suivent leur écoute. Aujourd’hui encore, ces deux chansons (auxquelles il faut ajouter « Do you believe in magic ? ») servent de prétexte aux imbéciles pour ne pas s’intéresser de plus près à ce groupe. N’en déplaise aux fats et grossiers personnages (qui sont souvent les mêmes), The Lovin’ Spoonful est un groupe à l’histoire plus contrastée que le slogan de « good-time music » qu’il s’était choisi dans les premières années de son existence ne pourrait le laisser croire.
La musique enregistrée par le groupe de John Sebastian et Steve Boone était en effet le résultat d’une foule d’influences, et prenait ses racines dans les plus anciennes traditions musicales nord-américaines. Publié en 1966, le premier album de The Lovin Spoonful laissait percevoir les influences du boogie (« My Gal », « On the road again »), du blues rural le plus ancien (la reprise de Henry Thomas, « Fishin’ Blues »), du folk contemporain de Fred Neil (dont le groupe interprète « The Other Side of this life », en passant par les pistes à la production plus riches et aux chœurs splendides (« Do you believe in magic ? » signée John Sebastian et « You baby » signée par Barry Mann, Cynthia Weil et Phil Spector).
Le lecteur attentif et nous accordant un peu de sa confiance l’aura compris : ce premier album était une belle réussite qui plaçait en outre John Sebastian dans la catégorie des songwriters de classe, capable de composer des pistes aussi différentes et inspirées que « Did you ever make up your mind ? », et dont le timbre de voix caractéristique est particulièrement pertinent sur les ballades délicates telles que « Younger girl ». Deuxième album du groupe new-yorkais, Daydream a été publié un an après Do you believe in magic ?. La composition du groupe est la même que pour le premier album : Steve Boone à la basse, Joe Butler à la batterie et Zal Yanovski à la guitare solo entourent John Sebastian qui compose et chante la plupart des chansons de ce disque. Assez varié mais avec un potentiel pop plus important que son prédécesseur, ce disque est une incontestable réussite. « Let the boy rock and roll » témoigne de l’admiration portée par les membres de The Lovin’ Spoonful à Chuck Berry, (à qui les Beach Boys doivent également le début de leur carrière), et dont la chanson porte la marque de façon si évidente du seul grand génie de la guitare rock.
« Jug Band Music » est un joyeux clin d’œil envoyé par John Sebastian aux groupes de jug-band music et aux artistes de la scène folk new-yorkaise du début des années soixante, pour lesquels il avait joué de l’harmonica avant de former The Lovin Spoonful (il avait également joué pour Billy Faier, Fred Neil et de Tom Rush). L’album se poursuit avec une tranquille assurance dans une atmosphère dynamique et optimiste, en livrant au passage quelques très belles chansons aux harmonies toujours très soignées (« You didn’t have to be so nice »). C’est le batteur Joe Butler qui chante seul et livre une très belle performance sur l’avant-dernière chanson, « Butchie’s Tune », une belle ballade intimiste écrite coécrite par Sebastian et Boone, alors que « Big Noise from Speonk » clôt l’album en une jam instrumentale réjouissante et dynamique.
Groupe mineur d’une époque lointaine et musicalement miraculeuse, The Lovin’ Spoonful vaut mieux que le sourire plus ou moins ironique qui lui est accordé, et ses deux premiers albums permettent de percevoir une partie de l’évolution de la scène pop-folk new-yorkaise des années 1960.
Liste des chansons :
1. Daydream *
2. There She is *
3. It’s not time now
4. Warm Baby
5. Day blues
6. Let the boy rock and roll
7. Jug Band Music
8. Didn’t want to have to do it *
9. You didn’t have to be so nice
10. Bald headed Lena
11. Butchie’s tune *
12. Big noise from Speonk
Vidéos :
“Daydream”
“Bald Headed Lena”
“You Didn’t Have To Be So Nice”
“There She Is”