(Columbia 2011)
Dans le désert artistique que représente aujourd’hui la scène rock’n’roll britannique, tous les espoirs semblent aujourd’hui se porter vers Miles Kane. Propulsé sauveur du rock anglais par la presse locale, l’ex-leader des Rascals qui a connu une immense popularité en étant la moitié des Last Shadow Puppets a sorti son premier album solo peu avant l’été, dans un concert de louanges.
Sur la forme c’est parfait : Kane est un jeune scouser à la classe McCartneyenne qui chante des chansons pop accessibles au plus grand nombre, inspirées du rock des années 60 et 70. Sur le fond il n’y a pas grand-chose à reprocher au chanteur / guitariste, si ce n’est une production parfois un peu agaçante (les chœurs féminins étaient-ils vraiment nécéssaires ?) et quelques gimmicks un peu faciles (les tralalas de “Quicksand” étaient évitables, tout comme l’intro à la mandoline de “Take From The Night”, amusante mais au-delà du cliché).
Colour Of The Trap est un album riche et varié, dans lequel on se réjouit de constater que le Miles Kane agressif des premiers EP des Rascals n’est pas encore tout à fait mort. “Inhaler” – dont le riff et une partie de la mélodie sont empruntés à “Mother Nature Father Earth” de The Music Machine – le démontre pendant trois minutes de pur bonheur. Malheureusement pour les amateurs de rock garage, cette facette de Kane n’est que très peu présente dans l’album. Colours Of The Trap est avant tout composé de mélodies pop, parfois agréables (“Colour Of The Trap”, “My Fantasy”, ballade à la Marc Bolan), parfois fatigantes (“Rearrange”, “Quicksand”) et de quelques grooves vaguement inspirées du glam-rock des années 70 mais diablement efficaces (“Come Closer”).
Tiraillé entre différents styles, Kane ne semble pas toujours savoir dans quelle direction il veut aller, ce qui finit par nuire à la qualité globale de l’album. Débarrassée de ses violons aussi inutiles que racoleurs, “Rearrange” aurait pu être un meilleur morceau (les versions live épurées en témoignent), tout comme “My Fantasy”. Un peu hors de propos dans cet album, “Better Left Invisible” est un artéfact des Rascals qui détonne au milieu des chansons sucrées qui l’entourent.
Heureusement pour lui, le chanteur garde une étonnante capacité à composer des mélodies catchy qui s’insinuent dans le cerveau des auditeurs. C’est ce qui sauve l’album de l’ennui alors qu’on est parfois prêt à passer à autre chose. On espère que la suite sera plus cohérente, plus enthousiaste, plus rock’n’roll peut-être, car si cet album représente l’avenir du rock anglais comme le clame le NME, la décennie à venir s’annonce lénifiante.
Tracklisting :
1. Come Closer *
2. Rearrange
3. My Fantasy
4. Counting Down The Days
5. Invisible
7. Inhaler *
6. Quicksand
10. Telepathy
8. Kingcrawler
9. Take The Night
11. Happenstance
12. Colour of The Trap
Vidéos :
“Inhaler”