(Blue Horizon 2010)
Lorsqu’on a appris que Dave Sardy allait produire le nouvel album des Black Angels, on s’est inquiété pour le groupe d’Austin qu’on venait de voir en concert à Paris et qui était apparu fatigué, sans ressort. Le producteur d’Oasis, Jet et Wolfmother pouvait-il les sauver d’eux-mêmes ? Le groupe pouvait-il produire autre chose qu’un second clone de Passover, son chef d’œuvre inaugural ?
On en doutait, et on a eu tort. Ce qu’apporte Sardy sur cet album n’est ni plus ni moins que ce qu’il a apporté aux autres groupes qu’il a pris sous sa coupe précédemment : un son propre, mais puissant. On se souvient s’être amusé l’an dernier devant la similarité des sons d’Oasis et Jet, deux groupes perdus dans l’idéal futile de ressembler aux Beatles, et à qui Sardy avait conféré exactement la même patine. Pas de risque que cela se reproduise avec les Black Angels : le chant scandé d’Alex Maas et le jeu de guitare tournoyant de Christian Bland sont des marques de fabrique fortes qui rendent les Black Angels insolubles dans la mélasse pop-rock.
Puissance, donc. Les rythmes trippants du groupe sont toujours présents mais l’ensemble parait moins étouffant, moins monolithique. La sensation d’un bloc sonore opaque et menaçant qu’on recevait de plein fouet dans les précédents opus semble s’être dissipée. Les morceaux respirent plus mais ne perdent pas pour autant de leur efficacité. Les instruments sont plus faciles à discerner les uns des autres, la richesse du son des Black Angels (clavier, fuzz, basse, batterie, tambourin et voix) frappe de façon plus chirurgicale, plus précise. Oh, et les morceaux sont fantastiques, ce qui peut aider aussi.
Bien sûr, le groupe explore toujours les mêmes plaines désertiques sur la plupart des pistes (“Bad Vibration”, “Yellow Elevator #2”, “Entrance Song”, des territoires connus mais toujours aussi fascinants) mais quelques destinations nouvelles viennent enrichir l’univers des Black Angels. Sur deux morceaux, le groupe assume pleinement son héritage 60s psychédélique : “Sunny Afternoon”, où le groupe singe les 13th Floor Elevators jusqu’au son de cruche électrique, et “Telephone”, un morceau beat façon ? And The Mysterians qui dévoile la face la plus légère du groupe.
Au moment où le rock psychédélique heavy semble revenir à la mode, où des groupes tels que Mondo Drag remettent le genre au goût du jour, les Black Angels reprennent la main avec ce Phosphene Dream varié et équilibré. Les morceaux de classe sont nombreux, à l’image de ce “River Of Blood” qui montre le groupe plus agressif que jamais. Un éclair de génie parmi d’autres lors d’une fin d’album surprenante, entre le délire patchouli de “True Believers” et le final majestueux de “The Sniper” qui achève de faire cet album un des grands disques de l’année.
Tracklisting :
1. Bad Vibrations *
2. Haunting At 1300 McKinley
3. Yellow Elevator #2 *
4. Sunday Afternoon *
5. River Of Blood *
6. Entrance Song
7. Phosphene Dream
8. True Believers
9. Telephone *
10. The Sniper
Vidéos :
“Telephone”
Vinyle :
La version vinyle de l’album possède un magnifique livret de 16 pages ainsi qu’une carte de téléchargement et un joli flyer faisant la publicité de t-shirts à l’effigie du groupe.