(Downtown Music ; 2011)
En ce milieu d’année, voici le retour de White Denim, le flamboyant groupe texan capable d’enregistrer des pistes aussi différentes que « Shake shake shake » (sur Workout Holiday, leur premier album) ou « Radio Milk how can you stand it » (sur Fits, leur deuxième).
Le dernier fait d’armes de White Denim fut d’offrir en téléchargement gratuit un album entier, Last Day of Summer – on n’ose parler de chutes de studio, au vu de la qualité des morceaux : la plupart des groupes contemporains pourraient tirer une légitime fierté d’avoir enregistré des pistes telles que « If you’re changing » ; pour White Denim, il s’agit d’un morceau basique.
L’arrivée d’un second guitariste (Austin Jenkins) a fait remarquablement évoluer le son du groupe et permet à White Denim de se lancer dans de nouveaux terrains éloignés du garage-rock de son premier album (sur « Anvil Everything », par exemple, mais aussi sur les échanges longs et décomplexés de « At the farm »). Le chant est parfois assuré conjointement par James Petralli et Steve Terrebecki (« Burnished », « It’s him! »), apportant ainsi une complexité aux compositions déjà très tendues.
Ce disque commence sur des bases énormes, avec l’entrée en matière réjouissante de la chanson « It’s Him ! », où la rythmique s’impose avec une extraordinaire évidence ; nous l’avons déjà écrit lors des précédentes chroniques, il convient de le constater à nouveau : avec une telle assise, le groupe peut tout se permettre, et se lance dans des envolées de guitare qui seraient fatales à la plupart des groupes (« Drug »). La base rythmique est en effet un des aspects qui distinguent White Denim de tous les autres groupes contemporains : pour s’en convaincre, l’écoute des échanges entre Joshua Block et Steve Terrebecki basse/batterie sur « Burnished » devrait largement suffire.
Après un début d’album saturé de sons divers, le rythme plus mesuré de « Street Joy » apporte un peu d’oxygène à l’auditeur ; l’interlude n’est cependant que de courte durée : White Denim enchaîne ensuite avec « Anvil everything », piste à la structure complexe et expérimentale… La suite de D est une longue orgie sonore : les morceaux s’envolent dans des jams parfaitement maîtrisées, alternant les instrumentations (à ce titre, « River to consider » devrait en surprendre plus d’un) et revisitant divers styles musicaux avec un enthousiasme tangible et une pertinence remarquable. Plus que jamais, le groupe surprend par sa capacité à transformer ses morceaux en y insérant des variations rythmiques et musicales, sans perdre en densité ou en qualité (« Besse St. », simplement traumatisant après les deux premières minutes).
Les premiers albums de White Denim avaient montré un groupe à l’ambition musicale débridée ; ce disque confirme que le talent du groupe est à la hauteur de ses ambitions… D est un album dont on ne sort pas indemne, et qui livre peu à peu ses richesses : aucune piste ici n’est dispensable. En dix morceaux seulement, le groupe dévoile une kyrielle d’univers musicaux, se permettant même de livrer en fin d’album une jolie ballade à la basse bondissante, en guise d’adieu déconcertant. Le troisième « véritable » album du groupe est un coup de maître.
Liste des chansons :
- It’s him! *
- Burnished *
- At the farm
- Street Joy
- Anvil Everything
- River to consider
- Drug
- Besse St *
- Is and is and is *
- Keys
Le site officiel de White Denim.
Vidéo :
Vinyle :