(Trouble In Mind 2013)
On a rencontré Ty Segall en fin d’année 2012 à Utrecht, à l’occasion du Guess Who, un festival à l’affiche délirante (Ty Segall, White Fence, Jacco Gardner, Allah-Las, FIDLAR, Night Beats…). Le chanteur nous avait alors confié sa lassitude après une année 2012 éprouvante, marquée par trois sorties d’album et des tournées incessantes.
Il nous disait alors qu’il était impatient de rentrer à San Francisco, de lever le pied, de passer une année 2013 tranquille et de ne pas participer à tous les festivals estivaux qui le réclamaient. On a pris acte de ces déclarations sans trop y croire car depuis quelques semaines circulait sur internet (via le site de Trouble In Mind) le morceau d’un groupe nommé Fuzz dont la parenté avec Ty Segall paraissait louche.
Le label avait balancé innocemment sur son site “This Time I Got A Reason”, une jam heavy qui sonnait à s’y méprendre comme une chute de studio de Slaughterhouse, accompagnée d’un texte cryptique (“We received an unsollicited email submission from these guys & despite our best efforts, cannot discern who is responsible for these jams“). Très vite, le secret a été éventé, et il est apparu que Fuzz était en effet composé de la moitié du Ty Segall Band (Ty Segall à la batterie et Charlie Mootheart à la guitare), ce qui a eu pour effet de booster les ventes du single, épuisé dès le jour de sa sortie.
On a donc attendu un second pressage pour acquérir l’objet (certains acharnés ont d’ailleurs mis des sommes folles pour posséder le premier pressage, les cons) et apprécier la nouvelle direction de l’insaisissable Segall. Notons tout d’abord que ce dernier décide de se planquer dans un groupe au moment où il pourrait capitaliser sur son nom propre . Ce mec n’a pas de plan de carrière réfléchi et avance au gré de ses envies : ça mérite le respect.
Fuzz donc. Le nom du groupe est déjà un programme en soi (et on est plutôt surpris que personne n’ait pensé avant à se nommer ainsi) et le single ne déçoit pas. Le duo se jette à corps perdu dans un rock heavy qui lorgne vers le stoner, surtout sur sa face B “Fuzz’s Fourth Dream” qui est de loin le meilleur morceau ici. Le Black Sabbath d'”Electric Funeral” n’est pas loin, et Segall semble prendre du plaisir à retrouver la batterie. Comme pour Slaughterhouse, certains puristes du garage déploreront peut-être le manque de délicatesse de l’ensemble, mais pour les amateurs de heavy, ce single est annonciateur de choses intéressantes.
Tracklisting :
A. This Time I Got A Reason
B. Fuzz’s Fourth Dream *
Vidéos :
“Fuzz’s Fourth Dream”
“This Time I Got A Reason”
Vinyle :