ADAM GREEN – Minor Love

Album mineur

(Rough Trade / Fat Possum  2009)

Depuis 2002 et la sortie de son premier album solo, Garfield, le chanteur et guitariste new-yorkais Adam Green a alterné le bon et le moins bon, au long d’une discographie prolifique (Minor Love est déjà son sixième album).

Son début de carrière avait été prodigieux, puis le côté je-m’en-foutiste à outrance du chanteur avait pris le dessus, avec parfois en supplément énervant une production riche en violons bon marchés, et un choix de reprises discutables (dont l’ignoble « Born to Run » et son saxophoniste pendable).

Que les amateurs se rassurent : Adam Green sait toujours enchaîner les descriptions poétiques classiques, les comparaisons osées (« She came at me just like a goblin », sur « Goblin ») et les relations de flatulences intempestives comme personne. Il a enregistré la quasi-totalité de l’album seul, jouant presque de chacun des nombreux instruments. En effet, une grande variété dans l’orchestration est présente sur ce disque – on évite heureusement les violonades qui avaient pollué Friends of Mine, son deuxième album ; Minor Love bénéficie donc, selon les morceaux d’une clarinette, d’un orgue, d’une mandoline, de chœurs masculins étonnants, mais aussi d’une guitare électrique, d’une basse et d’une boîte à rythme.

L’ensemble est donc assez hétéroclite (NB pour notre lectorat pré-pubère : « hétéroclite » n’est pas une position du Kâma-Sûtra). Le disque contient donc des pistes très variées, où les influences habituelles apparaissent (on constate, notamment sur « What makes him act so bad », que l’ombre de Lou Reed plane toujours au-dessus d’Adam Green). Comme souvent, c’est lorsqu’il utilise le moins de moyens qu’Adam Green est le plus pertinent : accompagnée d’une guitare acoustique, sa voix est largement suffisante pour toucher juste : « Boss Inside » est l’une des plus belles chansons de cet album.

Minor Love est un disque qui s’écoute sans déplaisir, mais qui n’apporte rien de nouveau ou de réellement pertinent à la discographie d’un artiste dont on attend des disques d’un autre niveau… On a souvent l’impression à son écoute qu’Adam Green a recyclé les chutes de studio de son précédent album Sixes & Sevens pour assembler ce disque dénué de véritable sommet. Adam Green est-il encore capable d’écrire de grandes chansons ? Il faudra attendre son prochain album pour le savoir.  

 

Liste des chansons :

  1. Breaking Locks *
  2. Give them a token
  3. Buddy Braddley
  4. Goblin
  5. Bathing Birds
  6. What makes him act so bad
  7. Stadium Soul
  8. Cigarette Burns Forever
  9. Boss Inside *
  10. Castles and Tassels
  11. Oh Shucks
  12. Don’t call me uncle
  13. Lockout *
  14. You Blacken my stay
  15.  

Vidéo :

“Breaking Locks”

 
“Buddy Bradley”
 

 

Vinyle :

Adam Green - Minor Love

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8 Commentaires
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Lars
Invité
Lars
10 février 2010 7 h 49 min

C’et dingue, j’avais présenti le “Album mineur” comme accroche de l’article :-)) Rien à dire de plus que ce qui a été dit ici par Rémi, entièrement d’accord.

Bertyrock
Invité
Bertyrock
20 octobre 2010 2 h 07 min

“L’ignoble Born to Run”…. Pauvre con, va donc écouter tes petites crottes indés !

Eric
Administrateur
20 octobre 2010 22 h 23 min
Répondre à  Bertyrock

Rien à branler de l’indé, rien à branler de Springsteen non plus.

Pour moi, “Born To Run” représente une idée du mal absolu, du rock de stade mal dégrossi, avec un gros refrain, un son de batterie irritant, et un des groupes les plus surestimés de l’histoire du
rock : E Street Band.

Springsteen a fait de nombreuses choses excellentes, il reste un des auteurs les plus respectables du monde du rock et ce morceau est peut-être un tube mais c’est pour moi une abomination sur la
forme, n’en déplaise aux amateurs de rock à papa mal élevés.

bertyrock
Invité
bertyrock
20 octobre 2010 7 h 39 min

Je me suis emporté, désolé. Mais j’en ai marre de voir caricaturer Springsteen pour ce qu’il n’est pas (un Rambo rock) et voir ignorer ses qualités (des mélodies souvent poignantes, une vraie
sensibilité populaire, un songwriting qui n’a rien à envier à Dylan et N. Young)… En outre, Born to Run est certes une déflagration au lyrisme prononcé mais n’a rien d’un hymne pour stade à la
U2-Muse-Coldplay. Nourri de références soniques Spectorienne (d’où la surproduction), c’est le cri de frustration d’un prolo romantique qui aspire à se barrer de sa banlieue pourrie. Et je trouve
qu’Adam Green – dont je ne connaissais pas la version – l’a bien compris ; s’abstenant de faire son petit malin débraillé comme souvent. Après, on a le droit de préférer Nebraska.

Eric
Administrateur
20 octobre 2010 22 h 26 min
Répondre à  bertyrock

Oui, de toute façon il n’y a rien à reprocher à Springsteen dans ses textes qui sont toujours finement ciselés et intelligents. C’est sur la forme qu’il a (souvent à mon goût) merdé, il va sans
dire que c’est sa facette acoustique qui m’intéresse le plus (Nebraska indeed, c’est sans doute mon côté dylanien qui parle). Par contre, bien écrit ou pas, à partir du moment où il joue
avec le E Street Band, ses morceaux sont noyés dans une mélasse un peu rébutante pour moi.

bertyrock
Invité
bertyrock
20 octobre 2010 8 h 37 min

Sur le E-Street band, je suis d’accord, concernant les concerts actuels. Max Weinberg est plus un maréchal-ferrand qu’un batteur et seul Roy Bittan (depuis la mort de l’organiste Federici)
apporte un peu de finesse. Mais, à l’époque de Darkness on the edge of town (78) et The River (80), Springsteen réussissait à faire de ses bourrins de fiers chevaux de galop sinon des pur-sangs.
Ces deux albums possèdent un song “Americana” magnifique ; qui fait d’autant plus regretter ce qui s’est passé après (la putasserie FM de Born in the USA t Human Touch, la mièvrerie de quasi tous
les autres, pourris par les synthés) avec les parenthèses miraculeuses de Nebraska et The ghost of Tom Joad.

Eric
Administrateur
21 octobre 2010 22 h 28 min
Répondre à  bertyrock

Je me repencherai sur Darkness… et The River, peut-être aurai-je une révélation cette fois-ci (j’avais posé une oreille distraite dessus il y a quelques années, ils méritent
sans doute réévaluation de ma part)

MC5 m'a tuer
Invité
MC5 m'a tuer
6 janvier 2012 3 h 49 min

D’accord avec cette chronique, pas un grand disque mais néanmoins sympathique.

Un minuscule bémol à propos de l’absence de sommet dont tu parles : je trouve Boss Inside absolument magnifique, chanson Cohennienne droguée aux paroles somptueuses.

A signaler, tout de même, deux morceaux : un avec le riff d’une chanson (de Christophe Maé et un autre dont le début ressemble drôlement à Une femme libérée. (je vous donnerai leurs titres plus tard, si vous voulez, mais je m’en souviens plus là tout de suite) (j’essaierai de
retrouver le morceau de Christophe Maé, par la même occasion)

 

Sinon, j’aime bien les violons sur Friends of mine, ils me font marrer.

Et puis j’adore Sixes and Sevens, sur lesquels il ne lésine pas sur la production.

 

(j’aillais demander à Eric la chronique de Born to run – dans la rubrique “mythe à démonter”, il se pose là – et puis je me suis souvenu qu’il faudrait l’écouter, alors je me ravise
)

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