(Columbia 2004)
Alive & Amplified a été accueilli avec grande méfiance par la communauté rock internationale.
Pour cet album, successeur de l’excellent Electric Sweat au pédigree parfait (enregistré aux Ghetto Recorders de Jim Diamond en 2002 en pleine effervescence garage-rock… say no more), le quatuor New Yorkais aurait vendu son âme en s’attachant les services de The Matrix, producteurs d’Aaargh Lavigne… L’écoute du disque dissipe immédiatement les doutes . Alive & Amplified est l’album le plus ambitieux des Mooney Suzuki, peut-être leur meilleur à ce jour. A vrai dire, on aurait aimé voir les Strokes adopter la même approche gonflée pour le pétard mouillé de Room On Fire.
Les Mooney Suzuki ont pris le risque d’avoir un gros son – en résumé, sortir du garage – et cela paie : l’album sonne rock’n’roll, sans compromissions, et dorénavant le groupe a les moyens de ses ambitions. Privilégiant toujours riffs cinglants et refrains hymniques façon garage sixties, l’arrivée du controversé duo de producteurs a permis au groupe quelques extravagances plutôt détonnantes commes les choeurs féminins de “Loose & Juicy” et “Alive & Amplified” ou le clavier à la Stevie Wonder sur “New York Girls”. A l’inverse, on peut leur reprocher quelques effets faciles qu’on a plutôt l’habitude d’entendre dans la techno (comme le son compressé du solo de guitare la chanson éponyme ou l’intro de “Legal High”) et surtout le fait que ce son “propre” fait naviguer le groupe dans les mêmes eaux que l’infâme Lenny Kravitz (c’est parfois assez troublant) ou les Rolling Stones gros cul. D’autre part, les deux ballades de service incluses ici (“Sometimes Somethin'” et “Naked Lady”) uniquement pour dépasser le cap psychologique des 10 morceaux sont à oublier rapidement.
Ces quelques désagréments ne parviennent pas à rendre Alive & Amplified antipathique car il dégage des Mooney Suzuki une énergie incroyable. La plupart des morceaux sont uptempo et possèdent une accroche forte (“Primitive Condition”, “Shake That Bush Again”, “Messing In The Dressing Room” sont axés sur un riff inspiré et joués pied au plancher). Le meilleur moment de cet excellent disque de rock’n’roll demeure le morceau-titre, le bien nommé “Alive & Amplified” où le groupe se frotte à la soul sixties avec brio. La production démente – rythmique tribale, guitare lourde mise en avant, choeurs féminins hantés, solo de guitare lysergique – envoie les Mooney Suzuki très très haut.
Tracklisting :
- Primitive Condition
- Alive & Amplified *
- Legal High
- New York Girls *
- Shake That Bush Again
- Sometimes Somethin’
- Loose ‘N’ Juicy
- Hot Sugar
- Messin’ in the Dressin’ Room
- Naked Lady
Vidéo :
“Alive & Amplified”
Vinyle :
La pochette du 33 tours diffère de celle du CD, on y voit l’illustration dans sa glorieuse intégralité. Elle semble fortement inspirée de celle d’Abraxas de Santana.