(In The Red 2004)
Shapes Of Venus est un disque rare, un truc à transmettre de toute urgence à ceux qui ne croient plus au rock et sont blasés des poses de la scène initiée par les Strokes et le NME.
Disque épitaphe d’un groupe qui a splitté peu après sa genèse, Shapes Of Venus est le chef d’œuvre laissé par les Clone Defects à un monde sourd et rendu aveugle par l’aura des White Stripes. Oubliez Elephant, le plus grand disque sorti par un groupe de Detroit en 2004 n’est pas celui que vous pensez.
Menés par un psychopathe déplumé à l’œil exsangue nommé Timmy Vulgar, Clone Defects jouaient un punk sale au racines blues et psyché. L’imagerie et les textes du groupe reposaient entièrement sur la fascination de ce dernier pour la science fiction cheap et la conquête de l’espace, comme l’indique l’invitation digne d’Isaac Asimov placée en préambule : “You are about to hear that Man and his works, or at least Life and Intelligent Life at that, are not at all unusual. And the probability is overwhelming that other civilisations not only exist, but have existed in the past, and will exist in the future on planets that circle distant suns »1. Rien d’étonnant à ce que l’album enchaîne alors sur un “Low Fashion Lovers” aux guitares feu follet voisin d'”Astronomy Dominé” de Pink Floyd. Il y a du Syd Barrett et du Roky Erickson en Vulgar – souhaitons lui un sort moins funeste.
Shapes Of Venus est d’une richesse intarissable. Les morceaux des Clone Defects sont tour à tour punk garage (“I Rock I Ran”), blues-rock malsain (“Procrastination Babies”, “Rabid Animal Detector”), rock garage stoogien (“Stray Boy”, “Ain’t No New Buzz”), rock’n’roll crade (“Still Poor”, “Fill My Fridge”, “Plastic Stuff”), rockabilly psychédélique (“Shapes Of Venus”), freakbeat sixties (“Take Your Love Back”), ballade apocalyptique (“That’s How Strong My Love Is”, hallucinante reprise d’Otis Redding) ou space-rock floydien (“Dear John”). L’énumération des genres peut donner l’image d’album album fourre-tout, le chaos de Shapes Of Venus demeure pourtant d’une cohérence et d’une homogénéité remarquables. Le son unique du groupe – où cohabitent guitares furieuses, feedback, chœurs sixties et divers feulements sur une solide base rock’n’roll –, la qualité des chansons tout en ruptures et la virtuosité des musiciens font de cet album la quintessence même du rock garage américain.
On trouve dans Shapes Of Venus certains des meilleurs riffs de guitare de ces dernières années avec “Fill My Fridge”, “Ain’t No New Buzz”, “Plastic Stuff”, et pour cette seule raison, ce disque mérite qu’on perde du temps à le dénicher, à l’écouter et à le chérir.
Tracklisting :
1. Low Fashion Lovers *
2. Stray Boy *
3. Still Poor
4. Fill My Fridge *
5. Ain’t No New Buzz
6. Procrastination Baby – (Out Of Stagnation Now) *
7. Rabid Animal Detector
8. Shapes of Venus
9. Take Your Love Back
10. Calm Me Down
11. I Rock I Ran
12. Plastic Stuff
13. That’s How Strong My Love Is
14. Dear John
Vidéo :
“Procrastination Babys”
“Stray Boy”
Vinyle :
In The Red a fait un travail magnifique pour cet album, avec un disque à pâte translucide à la hauteur de l’étrange collage de pochette.
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p style=”text-align: justify;”>1 “Vous êtes sur le point d’entendre que l’Homme et ses travaux, ou plutôt la Vie et la Vie Intelligente de fait, n’ont rien d’inhabituel du tout. Et la probabilité est immense que d’autres civilisations non seulement existent, mais on existé dans le passé et existeront dans le futur, sur des planètes qui entourent des soleils distants.”