(RCA 2008)
L’histoire des Kings Of Leon est née d’un malentendu, d’une entourloupe serait-on tenté d’écrire. On nous a fait croire en 2003 qu’on avait affaire aux fils rebelles d’un prêtre pentecôtiste, on s’est fait rouler. Plus les albums s’empilent, plus les Followill se révèlent comme 4 jeunes gens pieux et propres sur eux.
Après des débuts marqués par une certaine débauche et un certain esprit rock’n’roll, ils ont radicalement changé de style de vie, vivent en famille quand ils partent en tournée (en tout confort, avec leurs femmes) et laissent depuis peu entrevoir l’étendue de leur foi dans leurs interviews. Evidemment les KOL ne sont pas un groupe de christian rock et on ne saurait qualifier leur œuvre de prosélyte. Leur objectif revendiqué demeure tout autre : les Kings of Leon veulent être énormes, ils gèrent leur carrière pour mieux atteindre les sommets, leur objectif assumé est de devenir le plus grand groupe du monde. Dès lors, pas de surprise à constater qu’au fil des albums leur musique s’est banalisée et considérablement polie. Leur rock s’est aseptisé au point de les placer aujourd’hui au rang des groupes consensuels qui préfèrent les stades sans âme aux petites salles enfumées (s’il en existe encore…).
Only By The Night devrait leur permettre d’atteindre rapidement leur but tant la musique y est taillée pour les masses : elle est remarquablement inoffensive et prévisible. On y trouve un Caleb Followill plus pleurnichard que jamais qui, semble-t-il inspiré par Thom Yorke, joue le registre de l’émotion à fond tandis que le groupe bâtit derrière lui un mur du son gonflé aux amphétamines (“Use Somebody”, “Closer”, “Manhattan”). Sur certains morceaux, le groupe réussit néanmoins à tirer son épingle du jeu, lorsqu’il prend des risques sur le son ou qu’il se montre enfin capable de pondre une mélodie (comme “The Crawl” pour sa ligne de basse baveuse et son refrain plaintif, seul morceau qui reste en tête après la dizaine d’écoutes nécessaire à toute critique). De très loin le pire album du groupe, Only By The Night est un néant de 45 minutes dont on a du mal à cerner le sens. Qu’y a-t-il d’appréciable dans cet exercice pompeux et pompant ?
Petit à petit, une véritable cohérence se dessine dans l’oeuvre des Kings Of Leon, celle d’un groupe de classic-rock commercial. On porterait sans doute moins d’intérêt pour eux s’ils avaient commencé leur histoire dès Aha-Shake Heart Break ou Because Of The Times. En 2008, Youth & Young Manhood apparaît comme une aberration dans leur discographie. A sa sortie, comme aujourd’hui d’ailleurs, on l’avait trouvé fulgurant, exceptionnel de classe sudiste. Les Kings Of Leon le renient aujourd’hui, et le considèrent comme une erreur de jeunesse. Il est triste de voir un groupe renier ses racines folk et country par appât du succès commercial.
Tracklisting :
1. Closer
2. Crawl *
3. Sex On Fire
4. Use Somebody
5. Manhattan
6. Revelry
7. 17
8. Notion
9. I Want You
10. Be Somebody
11. Cold Desert
Vidéos
“Notion”
“Sex On fire”