KINGS OF LEON – Come Around Sundown

Sans intérêt

(RCA 2010)

Attention, on est prévenu, la maison de disque a fait tourner l’info, les pubs abondent et les yes men du milieu pop-rock le répètent à tout bout de champ : les Kings Of Leon opèrent avec leur nouvel album à un retour à leurs racines.

Une information surprenante mais qui génère plus d’incrédulité que d’intérêt véritable : il y a longtemps qu’on n’attend plus rien des Kings Of Leon, longtemps que ces ex-moustachus ne nous inspirent que déception et mépris. Aujourd’hui devenu le groupe rock le plus populaire des USA – et très probablement du monde – l’entreprise familiale des Followill a révélé depuis longtemps sa vraie face cynique et mercantile. Comment aujourd’hui croire à un retour du groupe qui nous avait fait chavirer avec Youth & Young Manhood ?

Pour mieux se mettre en condition, on a réécouté cet album avant de lancer ce Come Around Sundown, histoire de zapper les trois albums calamiteux (surtout les deux derniers) qui ont fait basculer les Kings Of Leon du côté des groupes tièdes accessibles au grand public. Notons au passage que la vidéo du single “Radioactive” qui tourne depuis quelques semaines sur les plateformes vidéo nous avait déjà mis la puce à l’oreille concernant le “nouveau” son du groupe, plus inspiré de U2 que de Creedence Clearwater Revival.

On ferme les yeux, on appuie sur play. L’album commence par un son de batterie emplie d’écho, aussi déplaisant que récurrent chez le groupe ces dernières années, puis une ligne de basse vient au premier plan, suivie de la voix geignarde du chanteur Caleb Followill. Première réaction : à l’ouest rien de nouveau. Le morceau s’appelle “The End” et porte en lui la promesse d’un album long et chiant. So long pour le retour aux sources, il va sans dire que le contraste avec “Holy Roller Novocaine” qu’on vient d’écouter est assez criant.

La suite est sans surprise. On a droit au sous-U2 de “Radioactive” qui vise la tranche d’âge des jeunes actifs de 25-35 ans qui écoutent Virgin Radio et vont une fois l’an au Stade de France assister au concert de la sensation pop-rock du moment. “Pyro” et “The Face” ensuite semblent démontrer que les Kings Of Léon ont toujours recours à la même formule d’écriture : dans les deux cas on a droit à un gros refrain à trois notes et plein de “Aaah-aaah-aaaah” après un long couplet qui se veut “contemplatif”. Même punition pour “Mary”, avec la notable exception qu’ici même les couplet sont assommants de lourdeur. Au delà de la voix distinctive de Caleb Followill, la véritable marque de fabrique du groupe reste l’absence de mélodies. Les Kings Of Leon se contentent ici de montrer leurs muscles en martelant leurs instruments lors de refrains pompiers qui viennent ponctuer de longs couplets laborieux. On n’ose imaginer des versions acoustiques de ces morceaux.

La première surprise de l’album arrive finalement au sixième morceau “The Immortals” qui commence de façon funky avant de retomber dans la routine du groupe. On est à mi-chemin de l’album et le constat est limpide : 1. le retour aux sources tant annoncé est un mirage, 2. le nouvel album des Kings Of Leon est la copie conforme de ses deux prédécesseurs. Pourquoi s’ennuyer à écouter la suite de l’album alors ? Par un professionnalisme doublé d’une dose de masochisme sans doute. Parce qu’il faut bien que quelqu’un le fasse aussi, pour épargner cette peine aux derniers fans de la première heure qui auraient cru à une éventuelle résurrection.

Ainsi, “Back Down South”, avec ses violons country et son tambourin, ressemble enfin à une chanson sudiste, sans pour autant émouvoir. Sobre et ensoleillée, “Beach Side” est sans doute la chanson la plus agréable de l‘album, le seul moment où on perçoit un peu les Kings Of Leon de jadis, un sentiment que la grandiloquente “No Money” vient rapidement effacer. Plus loin, “Pony Up” démontre que le groupe semble avoir apprécié les rythmes chaloupés du récent XX, tandis “Birthday” ne ressemble à rien, si ce n’est à une dizaine d’autres chansons insipides écrites par le groupes ces dernières années.

La première vraie tentative de mélodie de l’album arrive finalement avec le douzième morceau “Mi Amigo”, qu’on a la faiblesse d’apprécier après une traversée du désert de 39 minutes. Promis, si on a le courage, on le réécoutera en dehors du contexte de l’album qui, de son côté, se termine comme il a commencé, par un morceau sans vie. Celui-ci s’appelle “Pickup Truck”, pas grand chose d’autre à en dire.

Au moment de conclure cette chronique qui ne devrait pas agiter grand-monde hormis deux ou trois fans tombés sur PlanetGong par hasard (et qui ne manqueront pas de s’insurger) et quelques camarades qui doivent se demander pourquoi on s’est ainsi infligé telle torture auditive, on ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur. Au début des années 2000, on rêvait de voir Strokes, White Stripes et Coral au sommet des charts. De tous les groupes de la vague rock de cette période, certains ont eu un ou deux tubes ponctuels, mais les Kings Of Leon sont les seuls aujourd’hui à avoir mis l’Amérique à genoux. Dommage que ça soit de la plus triste des façons, en vendant leur âme. On a cru à la possibilité d’une rédemption mais ce Come Around Sundown confirme qu’il n’y a pas grand chose à sauver au royaume de Léon.

 

 

Tracklisting : 

1. The End
2. Radioactive
3. Pyro
4. Mary
5. The Face
6. The Immortals
7. Back Down South
8. Beach Side
9. No Money
10. Pony Up
11. Birthday
12. Mi Amigo
13. Pickup Truck

 

 

Vidéo :

“Back Down South”
 

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14 Commentaires
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beat4less
Invité
beat4less
15 octobre 2010 1 h 06 min

Bravo !!!

Lars
Invité
Lars
15 octobre 2010 1 h 26 min

Bel exploit d’avoir pu écouter cette oeuvre dans son intégralité ! 

Thom
Invité
16 octobre 2010 1 h 14 min

Oui bah… voilà. L’article est excellent, mais on aurait pu s’arrêter au titre. De même que je me suis arrêté à la moitié de cet album pathétique.

Niafango
Invité
Niafango
16 octobre 2010 2 h 46 min

J’ai écouté Red Morning Light puis Radioactive : en effet le retour aux sources saute aux yeux…

Tout est dit dans l’article, c’est aussi insipide et gros cul que U2. J’ajouterais à ça (un peu vulgairement, désolé) : Quelle clip de merde ! Le genre consensuel, qui brosse les gens dans le
sens du poil et diffuse un beau message d’amour et de tolérance (quoiqu’une vision un peu colonialiste du rapport entre les noirs et les blancs…).

Lars
Invité
Lars
16 octobre 2010 3 h 43 min

si vous avez vu “Get him to the Greek” avec Russel Brand, vous avez vu le clip parodique “African Child”…Et bien, ce clip de KOL, c’est african child, en vrai 😀 ! 

Dr.Nichon
Invité
16 octobre 2010 9 h 19 min

et la photo de la magnifique pochette, alors ? Vous avez au moins poussé le vice jusqu’à payer l’album, j’espère !

Doc Savage
Invité
Doc Savage
17 octobre 2010 9 h 04 min

Merde Eric tu te fais vraiment du mal…

Allez, en souvenir du bon vieux temps:

http://www.youtube.com/watch?v=pjuhgPQ9jtg&feature=related

teenagegraveman
Invité
teenagegraveman
18 octobre 2010 3 h 43 min

radioactive passera très bien sur une pub apple ou coca cola 🙂

Lars
Invité
Lars
22 octobre 2010 6 h 33 min

Les singles de leur album précédent étaient des chefs d’oeuvre à côté de ces nouveaux morceaux. C’est dire. C’est de la musique pour banquiers grassouillets pensant être rock and roll au fond
d’eux. 

 

flo
Invité
flo
26 octobre 2010 9 h 12 min

je vous trouve assez dur, mais c’est vrai que moi aussi j’avoue regretter le bon vieux temps des débuts du groupe par contre en ce qui concerne U2, étant fan de première heure et donc tout sauf
objective, je trouve ces remarques infondées puisqu’il est clair que u2 demeure un des plus grands groupes de rock de l’Histoire!

Jeremy
Invité
Jeremy
26 octobre 2010 0 h 20 min

Le plus grand si tu veux mais surement pas pour sa qualité.

Matador
Invité
Matador
29 octobre 2010 0 h 17 min

Music for the masses. L’intention est claire: plaire à un maximum de personnes. Vu le nombre de groupes qui cèdent à cette tentation, que cela doit être grisant! Ils s’imaginent toucher du doigt
l’Universel, ils communient avec le monde. Parce que, franchement, je ne crois pas à l’argument du cynisme et du fric. Les KoL ont le genre d’esprit “humaniste” de U2. C’est-à-dire l’humanisme
des riches, qui n’a plus rien à voir avec le monde réel.

Mais je ne suis pas sûr que tu aies écouté l’album en entier: encore un petit effort, il y a trois inédits ensuite. Celebration est quand même un bon trip.

Lars
Invité
Lars
29 octobre 2010 1 h 02 min

D’après les Groove Armada, ils ont bien pris le melon les Kings of Leon : 

 

http://www.holymoly.com/celebrity-news/amazing-story-kings-leon-being-complete-and-utter-arseholes48866

 

(c’était l’info people du jour)

Benjamin
Invité
31 octobre 2010 4 h 40 min

Mince, j’ai bien aimé les deuxième et troisième albums moi. Enfin Because Of The Times, il m’a fallu un moment pour adhérer.

Concernant le dernier, Only By The Night pourrait presque paraître bon en comparaison, c’est dire à quel point il est atroce. Pas une chanson à sauver. non, pas même Mi Amigo. C’est dur, ça
gâcherait presque le plaisir de réécouter Red Morning Light.

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