MAGIC TRICK – The Glad Birth Of Love

Different class

(Empty Cellar  2011)

Cet album, publié sous le nom du groupe Magic Trick, est en réalité le dernier LP de Tim Cohen, membre central des Fresh & Onlys et figure incontournable de la scène rock’n’roll de San Francisco depuis quelques années, dont la productivité et l’inspiration sont parfaitement délirantes…

Rarement avant Tim Cohen, un artiste a réussi à conserver un tel niveau de qualité en publiant des chansons à un tel rythme. Les dernières productions des Fresh & Onlys avaient montré que les frontières s’effaçaient entre les productions de son groupe et celles que Cohen sortait sous son seul nom ; le voilà qui brouille les cartes une fois de plus, en livrant avec The Glad Birth of Love un nouveau coup de maître d’une discographie impressionnante.

Les compositions de The Glad Birth of Love sont partagées entre des passages contemplatifs et de redoutables évidences mélodiques : Tim Cohen parvient à conserver une qualité d’écriture remarquable et à ménager à l’intérieur de ses chansons des moments plus abstraits. La première des quatre chansons de l’album est un pur moment de grâce, où la voix de Cohen est placée de façon assez évidente en première position ; derrière elle les instruments se mettent en place avec délicatesse. La mélodie, emmenée par une guitare acoustique, est appuyée par des chœurs féminins – sur les notes de pochette, Noelle Cahill, Alicia Vanden Heuvel et Grace Cooper sont ainsi créditées sur cette chanson pour leur « angel voice ». La dernière partie de « Cherished one » est entièrement instrumentale, et remarquable par une surprenante et bienvenue improvisation aux tablas.  Le deuxième morceau, « Daylight Moon », commence dans une ambiance vaporeuse avant de s’emballer un peu dans des arrangements recherchés : les instruments s’accumulent pour accompagner avec élégance la voix de Cohen.

La face B se poursuit sur le même modèle, et s’ouvre par ce qui est le morceau le plus frappant du disque, un conte merveilleux où le chanteur évoque la découverte d’un nouveau-né sur le bord de la route, puis raconte les premières aventures de l’enfant. Cette piste-fleuve explique notamment la pochette de l’album dans une ambiance onirique où les symboles se côtoient pour former un ensemble unique. La maîtrise dont fait preuve Cohen est véritablement diabolique : il sait à merveille enchaîner des moments très variés à l’intérieur de ses chansons. Après cette chanson fantastique, The Glad Birth of Love  s’achève sur « High Heat », une piste qui commence dans un style souvent exploré par Cohen : quelques notes acides de guitare acoustique accompagnent la voix placée dans un écrin brumeux ; les autres éléments (chœurs féminins, orgue, bruitages divers) rejoignent cette dernière chanson à la beauté fragile… A mi-parcours, la mélodie de « High Heat »  se transforme dans une suite à l’évidence immédiate, laissant une fois de plus l’auditeur dans un état régressif de bonheur musical, et transi d’admiration pour le talent de Tim Cohen.

Ce disque est une nouvelle merveille, à l’unité indéniable et complexe, et dont chaque écoute laisse percevoir de nouveaux éléments. A tous les amateurs de musique, ainsi qu’à tous les pisse-vinaigre englués dans un passé aussi glorieux qu’idéalisé et inexact, PlanetGong ne peut que recommander l’écoute de ce nouvel album de Tim Cohen, un des grands artistes contemporains, dont les disques sont depuis longtemps indispensables à toute discothèque digne de ce nom.

 

 

Liste des chansons :

  1. Cherished One *
  2. Daylight Moon
  3. Clyde *
  4. High Heat *

 

Vidéo

“Daylight Moon” 

 

 

 

Vinyle :

 Magic Trick - The Glad Birth Of Love

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4 Commentaires
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MC5 m'a tuer
Invité
MC5 m'a tuer
4 décembre 2011 3 h 08 min

J’attendais avec impatience sa sortie! Grande chronique, merci!

 

(pas d’approbation par le Gang des Canards?)

MC5 m'a tuer
Invité
MC5 m'a tuer
4 décembre 2011 3 h 11 min

(la sortie de la chronique, hein, parce que le disque je l’ai commandé depuis longtemps – et je ne l’ai toujours pas reçu, au passage, vive Insound… A propos, je m’inquiète, ça fait bien quatre
mois qu’il n’a rien sorti, il lui est rien arrivé, au Tim?)

Frank
Invité
5 décembre 2011 6 h 28 min

Ravi de voir que tu partages mon enthousiasme pour ce disque en tout point remarquable. C’est vrai q’il mériterait un “stample” 🙂

Il faut le clamer haut et fort : Tim Cohen est un génie ! Le pire c’est que je suis presque persuadé que si ses disques étaient sortis dans les 60’s on le vénérerait maintenant comme un Brian
Wilson ou un Arthur Lee… Triste époque…

beat4less
Invité
beat4less
5 décembre 2011 9 h 34 min

On verra dans 30 ans, c’est pas impossible…

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