On enchaîne avec les ridiculement nommés Be Your Own Pet – tout un programme… dire qu’on trouvait que Boys Die In Hot Cars était un nom ridicule – qui jouent un punk-rock juvénile voisin de celui des Subways. Malheureusement pour eux, la poupée Barbie péroxydée qui leur sert de chanteuse ruine toute cette débauche d’énergie avec sa voix de présentatrice TV nourrie au Bacardi Breezer. Tortiller des fesses pendant les solos ne fait pas de soi une icone sexuelle mademoiselle (et NON, reproduire la danse “coulée” d’Uma Thurman dans Pulp Fiction n’est pas cool). N’est pas Debbie Harris qui veut. On pense à Siouxsie & The Banshees pour le côté “punk brouillon chanté par une hystérique”. Le micro sature dans les aigus, nos oreilles demandent une pause.
Quand VV et Hotel entrent en scène, le scénario est différent. Toujours cachée derrière sa mèche de cheveux façon cousin machin, VV n’a même pas besoin de chanter pour dégager un charisme sidérant. Hotel, lui, s’est enfin débarrassé de sa tenue de motard et a renoncé à ressembler au Lou Reed du dos de pochette de “Legendary Hearts” au profit d’un complet jean-gilet-chemise-cravate très tendance. Pendant une heure, le groupe joue la quasi-intégralité de son excellent second album augmenté de quelques nouveautés dans un registre toujours plus sombre et dissonant. Les Kills sont du genre à manger du “White Light/White Heat” à chaque repas. “No Wow”, avec sa montée en puissance électrique, ouvre le concert avec grande intensité. Les décharges de guitare d’Hotel sont des électrochocs qui sortent le public du coma de la premiere partie et font entrer VV dans une transe malsaine.
Leur set est compact, tendu. Le son des Kills combine electro cheap, blues agressif et bruitisme post-rock. Que cela fonctionne est essentiellement dû à la complémentarité des deux protagonistes sur scène. Appelez ça tension sexuelle ou communion d’âmes, il se passe quelque chose sur scène. Qu’on aie droit ou non au grand numéro – on se souvient de prestations dérangeantes avec VV terminant allongée, lascive, dans un total abandon –, l’alchimie des Kills rend leurs shows particuliers. Les morceaux du premier album sont gardés pour le rappel, confirmant que “Cat Claw” est certainement le “tube” du groupe. Le concert s’achève avec l’hymne “Fuck The People”, celui même avec lequel on les avait vu ouvrir le 3 Novembre 2004, jour de la réélection de George Bush, en forme dédicace pour le peuple américain. Pas de “Keep On your Mean Side”, de “Wait” ni de “Dropout Boogie” ce soir. Le concert fut excellent tout de même, confirmant la direction electro blip-blip prise par le groupe sur No Wow. Le troisième Kills s’annonce encore plus sombre et radical.