(Dirty Water 2010)
Après bientôt vingt ans d’existence (le groupe a été fondé à Detroit en 1992), les Hentchmen ont sorti au milieu de l’été 2010 un nouvel album.
Ce trio est un des groupes contemporains dont la discographie est la plus difficile à établir : entre sorties de singles, collaborations diverses et le nombre impressionnant d’apparitions sur des compilations (notamment l’indispensable Sympathetic Sounds of Detroit), le parcours des Hentchmen est difficile à suivre[1]. Cet album est le premier du groupe qui sorte sur Dirty Water (tous les précédents LP avaient été publiés par Norton Records), et sa pochette quadripartite correspond à un assemblage des pochettes des quatre singles issus de l’album (nous vous laissons libres de juger de la pertinence artistique de l’ensemble).
A présent que la parenthèse SSM, le groupe parallèle de John Szymanski, semble être (définitivement ?) refermée, les Hentchmen sont de retour avec un regain d’enthousiasme, et une pertinence qui ne se dément pas. Le groupe livre des pistes rock sans fioritures (notamment « Messed up my brain » qui rappelle « Loose » des Stooges), des morceaux désinvoltes mais d’une grande richesse (« On my way home » ; « Claude’s Remains »), où les couplets sont ponctués d’un solo de farfisa ou de guitare souvent déroutant. The Hentchmen est un album remarquable pour la qualité de ses morceaux et pour la densité qui le caractérise : pas de mauvaise chanson sur ce disque, et une variété de styles importante, en restant toutefois dans la sphère musicale rock.
Le groupe se permet d’insérer des ponts bruitistes assez surprenants dans certains de leurs morceaux (« Alladdin’s Castle », par exemple), de réaliser avec brio une reprise de Devo (« Bottled up ») et une autre d’une extraordinaire chanson rockabilly de Benny Joy « Wild Wild Lover », sur laquelle la rythmique donne toute sa mesure avant le solo de guitare qui fait exploser la chanson. Les passages boogie sont également nombreux dans l’album, parfois seulement pour un changement de rythme (sur le réjouissant « Worry Converter »), parfois pour l’ensemble du morceau (« Iron Pimp »). Autre élément curieux, le groupe reprend deux de ses propres compositions : « Old enough to drive » et la fantastique « Accusatory », chanson impeccable dont tous ceux qui l’ont entendue se souviendront longtemps, qui se voit dotée dans cette nouvelle version d’un changement de rythme à mi-parcours.
La variété de styles de cette album ne doit pas faire oublier l’élément prédominant de leurs morceaux, la composante pop : depuis toujours, The Hentchmen sont un groupe qui veut faire danser son public. Le groupe sait qu’il ne deviendra jamais une tête d’affiche ; loin d’être abattu par ce fait, il continue à faire ce qu’il a toujours fait : du très bon rock’n’roll festif, peu soucieux des modes. En fin d’album, le groupe livre ainsi une ballade soignée, « Knockin’ at my door », sur lequel il récite ses classiques : une basse qui rebondit, un orgue parfait, un chant assuré à plusieurs… Le disque s’achève sur son plus long morceau, « No jukebox hits », qui s’autorise une incartade vis-à-vis du credo pop du groupe : après une intro boogie classique, la chanson s’aventure dans des styles plus expérimentaux, sans que la qualité du morceau en souffre. Ce nouveau disque apporte la confirmation qu’aujourd’hui comme hier, le monde a besoin des Hentchmen.
Liste des chansons :
- Messed up my brain
- Iron Pimp
- Claude’s remains
- Wild wild lover (Jenny Boy)
- Aladdin’s castle
- Worry converter
- Bottled up (Devo)
- On my way home
- Accusatory
- Old enough to drive
- Knockin at my door
- No juke box hits
The Hentchmen sur MySpace : www.myspace.com/thehentchmen
Vinyle :
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p style=”text-align: justify;”>[1] Heureusement, Internet est l’occasion pour les névropathes du monde entier de partager des informations indispensables. Ainsi, pour la discographie des Hentchmen, la page la plus complète et la plus précise semble être la suivante :
http://rateyourmusic.com/list/FrontRowDetroit/the_hentchmen___detroit___complete_discography