(Differ-ant ; 2011)
En 2005, quand certains s’emballaient sur une jeune scène parisienne qu’ils jugeaient prometteuse, c’est un groupe de Perpignan qui emporta la mise avec un premier album formidable, The Trap, composé de dix morceaux mod, kraut et pop à la fois, incroyablement accrocheurs et interprétés avec une certaine classe.
Après un second album correct mais inégal, les Hushpuppies ont peu à peu quitté le devant de la scène pour retourner à leurs occupations ordinaires (parmi celles-ci, mentionnons une fois de plus que le batteur Frank Pompidor tient le magasin Ground Zero à Paris, un excellent disquaire). Arrêt des concerts, absences de nouvelles concernant le groupe, les Hushpuppies ont donné l’impression à un moment d’avoir cessé d’exister.
Après ces quatre années de hiatus, c’est avec joie qu’on a accueilli l’arrivée d’un troisième album, un enthousiasme rapidement modéré par la première écoute du single “Low Compromise Democracy” à la production un peu proprette. On espérait qu’il en serait tout autre de l’album, mais il semble que même ces esthètes du garage classieux que sont les Hushpuppies se soient laissés entraîner vers le son du moment, celui des claviers estampillés années 80 et du rock’n’roll doucement aseptisé, au point de sonner par moments comme du easy-listening à guitares.
Bien sûr, on n’est pas ici chez les Strokes d’Angles où la production tape à l’œil de certains morceaux vire souvent au ridicule. Les Hushpuppies restent un groupe de rock’n’roll qui sait utiliser le son des synthétiseurs vintage pour le meilleur effet. L’excellente ouverture “Open Season” en témoigne, tout comme “A Dog Day”. Malgré cette qualité indéniable, on peine à s’emballer pour cet album. Peut-être est-ce lié à la voix monocorde du chanteur, à ce son un peu cotonneux, au sentiment d’avoir déjà entendu le groupe faire toutes ces choses dans ses opus précédents en tellement mieux. On sent comme un manque d’enthousiasme, d’assurance même. On se souvient d’une époque où les Hushpuppies bombaient le torse et envoyaient leurs morceaux avec panache. Sur quelques scies sans âme comme “Frozen Battles” ou “Poison Apple”, on sent le groupe en pilote automatique se livrer à un exercice désespérant (et peut-être désespéré) de se conformer au son pop-rock en vogue.
On ne sait si c’est lié à cette direction pop prise par les Hushpuppies ou pour une raison plus personnelle, mais le bassiste Guillaume Le Guen a quitté le groupe à la fin de l’enregistrement de l’album. Quiconque se souvient de “You’re Gonna Say Yeah” ou “Sorry So” sait à quel point ses lignes de basse étaient fondamentales dans le groove du groupe. Après cet album peu emballant et ce départ, on se demande si les Hushpuppies retrouveront un jour la grâce qu’ils avaient à leurs débuts. On en doute.
Tracklisting :
01 – Open Season
02 – Okinawa Living Wage
03 – Stop
04 – Low Compromise Democracy
05 – Zero One
06 – Every night I fight a giant
07 – Frozen Battle
08 – A Dog Day
09 – Poison Apple
10 – Rodeo
11 – Twin sister
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