(Snapper Music 2002)
Afin de célébrer dignement la sortie d’un nouvel album (Zero to Infinity, sorti en 2000, également par Snapper Music), Daevid Allen réunit le même groupe présent pour l’enregistrement afin de partir en tournée. Ce DVD présente le premier concert de cette tournée, qui eut lieu dans une salle londonienne de Portobello Road, le Subterania Club.
Depuis les tenues parfaitement aberrantes de Daevid Allen ou de Gilli Smyth – on peut se demander si les vieux amoureux font un concours – jusqu’aux sauts de cabri du génial saxophoniste Didier Malherbe (aka Bloomdido Bad de Grass), en passant par l’assurance tranquille de Mike Howlett (le bassiste, caché derrière ses lunettes à persiennes), ou la prestation de Theo Travis (le deuxième saxophoniste), la prestation du groupe est simplement énorme… Gong joue ici quelques-uns de ses classiques « Oily Way », « Radio Gnome Invisible », « I am your pussy », « You can’t kill me », et d’autres chansons plus récentes, comme le morceau « Magdalene » tiré du dernier album.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Gong en live, c’est aussi magnifique que ridicule : le surréalisme appliqué à un groupe : un grand moment de n’importe quoi, ce concert de Gong prouve que le rock n’est pas réservé à des pré-pubères qui suivent une quelconque mode vintage ; il y a aussi de la place pour les sexagénaires timbrés… Daevid Allen promène ses soixante balais, sa guitare (supermoche) et ses chapeaux improbables (un haut de forme immense, puis un bonnet phrygien), et livre avec une décontraction et un enthousiasme communicatifs ses habituels solos de bouche (l’extraordinaire intro de “Radio Gnome Invisible”), improvise à partir de remarques du public, se lance dans des solos de glissando mémorables (le premier intervient après à peine deux minutes de concert). Un concert de Gong est une expérience unique, et prodigieuse.
Le DVD propose en indispensable bonus une interview de Daevid Allen, où le chanteur explique son premier trip d’acide (le dimanche de Pâques 1966), sa rencontre avec Yoko Ono, ses rapports avec William Burroughs et Robert Graves, sa théorie sur la mémoire (« la mémoire, c’est un peu comme un fromage, (…) la partie la plus intéressante, c’est les trous »).