(Play it again Sam ; 2011)
Il y a trois ans, nous avions évoqué pour la première fois Seasick Steve, un artiste détonant dans la scène contemporaine. Son album I Started Out With Nothing And I Still Got Most Of It Left lui avait en effet permis d’obtenir un succès important, à plus de soixante-cinq ans, dont il se disait le premier surpris. Le personnage scénique que Seasick Steve s’est composé (longue barbiche blanche, casquette vissée sur le crâne, salopette délavée) a instantanément séduit l’Angleterre ; son passage à Later with Jools, émission populaire de musique proposant aux artistes de jouer en live a fait de lui une des figures reconnaissables du rock’n’roll contemporain.
Depuis, Seasick Steve a multiplié les collaborations avec des artistes au statut populaire établi : Nick Cave (et l’ensemble de Grinderman) pour son album de 2008, puis au cours d’un concert des Foo Fighters cette année (il y a joué ses chansons, Dave Grohl se chargeant de la batterie et John Paul Jones de la basse), puis avec Allison Mosshart et Jack White pour un Live at Third Man. Sur ce nouvel album, sorti par le label Play It Again Sam (à l’exception des Etats-Unis, où il est distribué par Third Man Records), Seasick Steve est accompagné de son batteur habituel, le charismatique Dan Magnusson, et de John Paul Jones sur trois chansons (« You can’t teach an old dog new tricks », « Back in the doghouse » et « It’s a long way »).
A aujourd’hui soixante-dix ans, Seasick Steve montre un dynamisme impressionnant et livre des chansons inspirées, plus pertinentes que celles de nombreux artistes qui pourraient être ses petits-enfants : « You can’t teach an old dog new tricks » est excellente, tout comme « Back in the doghouse », qui fait écho au titre de son album de 2006, Dog House Music et à sa chanson la plus marquante, « Dog House Boogie ». L’album propose un bon nombre de ballades, dont quelques-unes sont réellement stupéfiantes de justesse, que ce soit dans la musique ou dans les textes ; Seasick Steve parvient avec peu de moyens à trouver la formulation qui fait mouche, au détour d’un couplet : « I’ll be here when your hair turn grey » (« Underneath a blue and cloudless sky »), ou dans le final de « It’s a long long way », une chanson magnifique où quelques chœurs viennent rejoindre le chanteur.
La diversité de sonorités dans ce disque traduit les différents styles chers à Seasick Steve : son utilisation d’instruments artisanaux – ou en tout cas, rares pour un disque contemporain – est un régal : banjo pour « Underneath a blue and cloudless sky », mandoline sur « It’s a long long way », fiddle sur « Treasures »… Cependant, la désormais classique Three-String Trance Wonder reste l’instrument de prédilection de Seasick Steve. Ce disque est une incontestable réussite, et prouve les spécificités et le talent d’un artiste atypique.
Liste des chansons :
1. Treasures
2. You can’t teach an old dog new tricks *
3. Burnin’ up
4. Don’t know why she loves me but she do
5. Have mercy on the lonely
6. Whiskey ballad
7. Back in the doghouse
8. Underneath a blue and cloudless sky
9. What a way to go
10. Party
11. Days gone
12. It’s a long long way *
Vidéos :
L’intégralité de l’album est disponible sur la chaîne youtube de Seasick Steve :
Seasick Steve live chez Jools Holland