(Columbia 2011)
Grosse, immense sensation outre-manche depuis plusieurs mois, The Vaccines est le dernier groupe en date à avoir fait frémir l’Angleterre du rock’n’roll : première apparition chez Jools Holland avant même la sortie d’un quelconque single, déclarations amusantes avant l’inévitable une du NME, toujours là pour gonfler des baudruches (“The return of the great British guitar band“) – et sans doute bientôt de tous vos journaux hype préférés.
De quoi en retourne-t-il alors ? Cet album au titre frimeur pose la question “Qu’attendiez-vous de la part des Vaccines ?“, comme si le groupe se félicitait d’avoir surpris son monde. Un joli moment d’autosatisfaction qui nous interpelle. Doit-on à notre tour s’émerveiller devant le groupe londonien, en espérant qu’il soit celui qui réveillera le rock anglais (dans le coma depuis 2006 environ, après overdose de pianos dégoulinants façon Coldplay, de pièces-montées indigestes à la Muse et de synthés fluo façon Klaxons) ? Malheureusement, on est obligé de répondre “non”. The Vaccines, si doués soient-ils pour composer quelques belles chansons facilement mémorables (“Wreckin’ Bar (Ra Ra Ra)” et “If You Wanna” en tête) sont avant tout un groupe de pop grand public au son un peu lisse. A l’évidence, ces mecs ont beaucoup écouté les Smiths, de fait la production de l’album sonne très anglaise : on est dans un environnement cotonneux, où la batterie est simpliste et la voix couverte d’écho.
Dans l’ensemble, les morceaux n’ont rien de renversant mais possèdent tous des refrains taillés pour les stades. Le souci de composer des mélodies complètes ne semble pas perturber le chanteur Justin Young qui s’appuie sur quelques gimmicks intelligents et sait tourner la bonne phrase au bon endroit. Une fois qu’on a dit ça, il faut tout de même avouer que les gros refrains qui déboulent au coin du bois après deux couplets sans âme sont une plaie. On entend beaucoup ce type d’écriture dans la musique actuelle, celle qui mise sur l’universalité et passe sur les radios généralistes. The Vaccines ont parfois recours à ce procédé facile (sur “A Lack Of Understanding”, “Blow It Up”, “Wetsuit” notamment) et on se demande souvent où sont les vrais morceaux.
Heureusement pour les Vaccines, quand le tempo est élevé, le rythme entrainant de la chanson permet de masquer ce manque (“If You Wanna”, “Under Your Thumb”). Le groupe évolue alors dans une zone qui nous rappelle les excellents Rifles, un son à l’anglicité affirmée et revendiquée. Rien de surprenant à ce que le public anglais se soit autant pris d’affection pour ces quatre jeunes gens. Mécaniquement, dès que le tempo retombe, les Vaccines sont obligés de faire des effets de manche et se plantent dans la mélasse d’une grandiloquence maladroite. Une chanson réussit à toucher au milieu de la pénible fin d’album: “Post Break-up Sex”, rengaine un peu pataude chantée par un Young passé en mode crooner. Un plaisir coupable aux rimes éculées (sex et ex, fait par Gainsbourg il y a quarante ans) qu’on se surprend à siffler malgré soi et qui apporte un peu de légèreté au sein d’un album mi-figue mi-raisin.
Tracklist
1. Wreckin’ Bar (Ra Ra Ra) *
2. If You Wanna *
3. A Lack of Understanding
4. Blow It Up *
5. Wetsuit
6. Nørgaard
7. Post Break-Up Sex *
8. Under Your Thumb
9. All In White
10. Wolf Pack
11. Family Friend
L’album sur Deezer : www.deezer.com/fr/#music/the-vaccines/what-did-you-expect-from-the-vaccines-916584
Vidéos
“If You Wanna”
“Post Break-up Sex”