(2011)
Originaire d’Atlanta, ce groupe composé de Derek Burdette et Kris Hermstad s’est distingué en ce début d’année par la sortie de leur premier disque. L’arrivée de cet album de New Animal a produit sur nous un effet incroyable lorsque nous l’avions découvert, il y a quelques mois. Ce premier album à la durée insolite (près d’une heure et quart) était disponible en téléchargement gratuit sur la page bandcamp qui leur est consacrée, puis l’a été – et l’est toujours – sur leur propre site.
Depuis quelques temps, de plus en plus de groupes semblent ainsi décidés à laisser leurs chansons à la disposition de tous, non seulement à l’écoute, mais aussi en téléchargement. A l’inverse de ce qu’affirment de nombreux artistes français engagés, quelques groupes semblent donc encore penser que le fait que le plus grand nombre de gens écoutent leur musique leur sera bénéfique : quel que soit l’avenir de ce mode opératoire, il est évidemment appréciable pour tout passionné de musique.
Les quinze pistes qui composent ce disque en font un ensemble difficile à appréhender ; l’élément qui permet l’unité de cette suite hétéroclite est la production du chant, relativement uniforme d’un bout à l’autre de l’album – les voix de Burdette et Hermstad s’accordent remarquablement bien, dans les chœurs comme dans des chants dialogués. Le duo semble avoir conçu ce disque en complète autarcie, et le résultat en est spectaculaire : ce disque est rempli de bidouillages électroniques divers, de morceaux hypnotiques, de solos élastiques de guitares ou de claviers pas toujours transcendants – mais jamais à rallonge – (« Last Winter »), et de boucles de claviers ou rythmiques qui demandent parfois un peu d’indulgence («Frightened»).
Niveau sonore et style musical, New Animal se rapproche assez souvent de MGMT en moins électronique – et avec un son moins énorme – ou encore des Flaming Lips (années 2002/2005) auxquels on aurait enlevé la production pharaonique de Dave Fridmann. Ce disque présente de grands moments : les titres, déjà prometteurs (« Nightmares of Candy Yang & the black Italian », « Ghost Police ») ne déçoivent pas, et le duo fait preuve d’une élégance certaine tout en laissant percer une mélancolie sous-jacente (« All I want is gone »). Ce duo d’Atlanta joue le jeu selon ses propres règles, à l’image de White Denim, auquel on peut rapprocher New Animal pour l’aspect incroyablement créatif et décomplexé de leur musique (« Ghost Police »). Pour cela aussi, la parenté avec Frank Zappa se doit d’être évoquée – New Animal le cite d’ailleurs volontiers comme une influence majeure, ainsi que Radiohead, ce qui est en revanche nettement plus surprenant : en effet, si Zappa bénéficie d’une aura quasi-mystique (alors que très peu de gens l’écoutent ou connaissent vraiment son œuvre), le groupe de Thom Yorke aurait plutôt tendance à être jeté aux poubelles de l’histoire du rock’n’roll.
New Animal est un groupe atypique, et propose dès son premier disque une sélection de chansons très intéressantes et diverses : quel que soit l’avenir de ce duo, il a d’ores et déjà réussi à se créer une identité unique et à enregistrer quelques très belles chansons, comme peu de groupes avant lui.
Tracklisting :
- Nightmares of Candy Yang & The Black Italian
- All I Want Is Gone
- Other Side
- Try
- Grow Back Out
- They Don’t Know
- Kill The Lights
- Science
- Frightened
- Ghost Police
- Last Winter
- In The Water At Night
- Looking For The Sun
- Fires In The Backyard
- Out There